Droits des femmes : une simple affaire de quotas ?
Ce 8 mars 2023, date de la Journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de rappeler que l’égalité n’est pas qu’une affaire de quotas. C’est aussi et surtout la mise en œuvre d’actions concrètes pour aller chercher les talents et les compétences là où elles se trouvent, et les aider à faire entendre leurs voix. Témoignage de Thierry Vallat, PDG de CFI
Quoi de mieux que l’univers des médias pour y parvenir ?
Parler de l’égalité des genres est important. L’encourager en actions est encore mieux. C’est ce que CFI fait au travers de ses projets qui tous comportent une dimension genre.
En plus de l'approche quantitative, nous nous engageons quotidiennement à valoriser les meilleures expertes et à garantir leur visibilité dans les médias et les rédactions. S’il n’y a que 3 femmes expertes dans un domaine, il faut les trouver, les accompagner dans leur prise de parole, et surtout : lutter contre tout complexe d'infériorité.
Nous expérimentons différentes pistes, et ça marche ! Alors persévérons.
Voici quelques projets que nous sommes fiers de partager en ce jour symbolique :
Écho des voix féminines
Dans les régions rurales du Maroc, moins d'un tiers des jeunes femmes sont scolarisées et plus de la moitié est touchée par l'analphabétisme. De ce fait, elles consultent moins les médias et songent peu à interagir avec eux. CFI, à travers l’association AIC et sa radio (Kech Radio), a œuvré pour faire prendre conscience aux femmes rurales de leur capacité à participer aux débats de société et médiatiques. Grâce à studio radio mobile, l’équipe de radio a parcouru plus de 24 000 km pour aller à la rencontre de centaines de femmes et leur donner la parole sur les sujets qui les préoccupent : émancipation économique, participation à la vie politique, accès aux études supérieures, violences subies, etc.
Deux ans après la fin de ce projet, CFI en a évalué l’impact. À titre d’exemples, certaines se sont présentées à des élections locales, d’autres sont devenues animatrices radios, d’autres encore ont créé des centres pour lutter contre l’analphabétisme.
MédiaSahel pour Elles
Au Sahel, les femmes sont encore trop peu présentes dans les médias. Pesanteurs socio-culturelles, sentiment d’illégitimité, manque de confiance en elles, elles ont du mal à saisir les opportunités de faire entendre leur voix. Pour les inciter à intervenir dans le débat public et à collaborer davantage avec les médias, CFI met en place des formations de développement personnel et de média training au profit des représentantes des organisations de la société civile.
En 2023, des dizaines de personnes en ont bénéficié.
Afri’kibaaru
Dans la même dynamique, le projet Afri’Kibaaru opère aussi des séances de média training à l’attention des femmes, dans la région du Grand Sahel. En parallèle de ces formations, CFI organise également des ateliers avec des managers éditoriaux des médias partenaires, majoritairement des hommes, afin d’encourager l’inclusion des femmes expertes dans leurs productions : émissions, débats, reportages, etc.
Ces actions de sensibilisation en simultané des expertes et des responsables éditoriaux permettent d’amorcer la création d’un réseau entre ces publics, et ainsi de pérenniser les opportunités de prises de parole médiatiques pour les femmes.
À voix égales
Fin 2022, CFI a publié une étude sur l'égalité femmes-hommes dans les médias et les contenus médiatiques en Afrique subsaharienne. Elle révèle que de nombreuses femmes travaillant dans l'industrie des médias sont victimes de discrimination et de violence. À la lumière de ces constats, le projet À voix égales vise à lutter contre les inégalités et les stéréotypes de genre dans les médias de Côte d'Ivoire et du Ghana.
Comment ? En incitant les responsables des médias à favoriser une meilleure représentation des femmes, tant dans leurs pratiques managériales que dans leurs politiques éditoriales.
Nous portons cette ambition au côté de la Fondation des Médias pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA).
L’engagement de CFI est de donner la parole aux femmes et de les rendre visibles dans la sphère des médias, autant au sein des rédactions qu’en tant que témoins. Reconnaître leurs rôles de dirigeantes ou d’expertes, c’est assurer une transition vers une vraie égalité entre les hommes et les femmes et donc entre tous les citoyens et les citoyennes.
Pour y arriver, nous continuerons à faire grandir nos projets, et à les développer partout où cela sera nécessaire.
Chacun et chacune, à son niveau, peut agir.
Thierry Vallat, PDG de CFI
