Narjess Khinini
Projet associé
Shabab Up ! RadioJournaliste tunisienne à Jawhara FM, Narjess Khinini a vingt-cinq années de carrière à la radio derrière elle et a vécu toute l’évolution du paysage médiatique tunisien de l’intérieur.
Après des études de droit, c’est très jeune que Narjess Khinini a rejoint le monde de la radio.
À 22 ans, elle réussit, à sa grande surprise, le concours d’entrée de Radio Monastir, une radio publique tunisienne. Durant dix ans, elle explore différents styles journalistiques : interviews, reportages, micros-trottoirs, matinales… En 2005, on lui propose d’intégrer une nouvelle radio privée, Jawhara FM, basée à Sousse, au centre-est de la Tunisie.
Quitter le confort d’un média public était un défi pour la journaliste, qui a néanmoins apprécié la plus grande marge de liberté dont bénéficient les radios privées. À l’origine plutôt portée sur le divertissement, la culture et la musique, Jawhara FM se tourne petit à petit vers des sujets de société, plus politiques.
Puis arrive 2011 et la révolution. Même si la ligne éditoriale évolue peu, pour Narjess Khinini, les parenthèses de liberté se sont alors agrandies. Les médias peuvent aborder davantage de sujets politiques et religieux, à tel point que les Tunisiens et les Tunisiennes osent évoquer à l’antenne des questions relatives aux libertés individuelles, ce qui perturbe les journalistes…
Dans ce contexte, elle estime que les formations proposées à ces derniers, comme celles de CFI avec le projet Shabab up ! Radio en 2014, ont été très utiles, car elles leur ont fourni des repères et outils pour exercer leur métier au sein d’une jeune démocratie.
Aujourd’hui, le défi principal de la radio est d’adapter sa ligne éditoriale aux nouvelles demandes des auditrices et auditeurs. Narjess estime que les radios privées locales ont un rôle important à jouer dans ce paysage médiatique tunisien en pleine mutation.
Les femmes tunisiennes n’ont pas l’habitude de stagner. Elles rêvent toujours de mieux, de s’améliorer. Pour moi, c’est le moment de profiter de toute mon expérience professionnelle pour évoluer dans le domaine des médias.
En effet, les radios publiques, malgré leurs efforts, ont eu plus de difficultés à suivre ce courant de liberté et sont restées accablées par les procédures et les lois. Un sujet lui tient particulièrement à cœur : celui de lutter en tant que femme pour ne pas perdre nos droits acquis et conserver cette place que nous avons obtenue et qui se dégrade de jours en jours.
À travers les témoignages, les portraits de journalistes et les aventures humaines de notre série Aswat Jadida (Nouvelles voix, en arabe), découvrez dix années d’appui au développement des médias dans le monde arabe.