
Regards croisés : des productions utiles et encourageantes
Projet associé
Des médias, une santéJournalisme de solutions, storytelling, articles approfondis... Au Cambodge, au Laos et aux Philippines, Meng Seavmey, Phannga Southiphong et Francis Dave Orcio sont motivés pour parler de santé et d'environnement, en adoptant l'approche globale "une seule santé".
Parler autrement de santé et d'environnement. Nous avons rencontré un agriculteur qui gère ses cultures en fonction des saisons et valorise ses déchets et ceux de ses animaux. Autour de ses terres, tout est vert ! se réjouit Meng Seavmey, journaliste cambodgienne à Thmey Thmey News, à propos d'un reportage réalisé fin 2024 dans le cadre du projet CFI Des médias, une santé.
Un appétit pour croiser les problématiques… et les solutions, que l’on retrouve aussi avec son confrère philippin Francis Dave Orcio, journaliste à Cignal TV aux Philippines : J'ai réalisé un reportage sur l'invention d'une mousse polymère pour absorber des déversements de pétrole à Mindanao. Mon article abordait les aspects scientifiques et mettait en évidence ses applications pratiques pour les communautés touchées.

Dans nos futures productions, nous utiliserons les techniques de tournage avec smartphones apprises lors de notre formation en Thaïlande début 2025, promet Phannga Southiphong, directrice-adjointe du département de l'information à la Télévision nationale laotienne.

Storytelling et solutions
Les trois journalistes avaient déjà l'habitude d'aborder les questions environnementales et de santé publique. Les formations de CFI ont toutefois développé en eux une sensibilité nouvelle à l'approche une seule santé*.
Je comprends mieux les zoonoses et l'importance de promouvoir la coexistence entre humains et faune sauvage. À Chonburi (Thaïlande), j'ai visité un temple abritant des milliers de chauves-souris et observé l'équilibre délicat qu'elles maintiennent dans leur écosystème, apprécie Francis.

Cette visite sur le terrain m'a permis d'interviewer un scientifique du Centre national d'épidémiologie et d'apprendre des informations sur les modes de transmissions des maladies des animaux aux humains, ajoute Phannga.
De nouveaux horizons qui viennent compléter des parcours journalistiques déjà riches chez chacun : Grâce à de nouvelles sources d'informations comme les experts, je me suis spécialisée sur les sujets liés aux maladies infectieuses. Dans des formats plus longs, mais avec un langage simple, nous savons mieux décrire, faire du storytelling. Pas seulement pour parler de la responsabilité des autorités, mais aussi des solutions, observe Seavmey.

Effort collectif
Au Laos, au Cambodge et aux Philippines, le public apprécie la clarté et la pertinence de ces nouvelles productions plus interactives dans lesquelles elles reconnaissent leurs voix. Phannga Southiphong, Meng Seavmey et Francis Dave Orcio demandent toutefois aux ministères de leurs pays de partager davantage leurs informations et leurs statistiques.
Ils proposent aussi à CFI de développer de nouvelles sessions pour poursuivre le travail engagé : reportages terrains dans les villages, communication scientifique, journalisme mobile, storytelling (avec infographies et animations) pour faciliter la visualisation de sujets complexes.

Tous trois souhaitent étendre cette dynamique d'équipe pour encourager d'autres journalistes de leurs pays à réaliser vidéos, émissions et articles sur l'approche "une seule santé" pour encourager le public à participer à l'effort collectif. Nous devons tous nous préparer, car une nouvelle pandémie peut arriver, que son origine soit humaine ou animale...
Une seule approche pour une seule et même communauté de destins...
* L’approche "une seule santé" invite à penser la santé autrement en reconnaissant l’interdépendance du bien-être des populations humaines avec celui des animaux et des écosystèmes. Elle utilise les liens étroits et interdépendants qui existent entre ces domaines pour créer de nouvelles méthodes de surveillance des maladies, notamment, et de lutte contre celles-ci.
(source : Organisation mondiale de la Santé).
Propos recueillis par Emmanuel de Solère Stintzy (Journalistes Médiateurs)