Naija in lights : clap de fin à Lagos !

L’important, lorsqu’on est photojournaliste, ce n’est pas seulement de partir en reportage ou de savoir prendre de bonnes photos. Il faut aussi les vendre aux éditeurs, les défendre, connaître leur valeur, construire un réseau et savoir parler de son travail. C’est sur cet aspect qu’a porté une partie de la formation de Naija in Lights, un programme d’accompagnement de dix jeunes femmes et hommes photojournalistes nigérians lancé par CFI en septembre 2022, à l’initiative de Sophie Bouillon, une journaliste française basée au Nigeria et fondatrice de StoryMi Academy.

Après un premier atelier à Kano (région nord du Nigéria) début décembre, axé sur les aspects techniques et éthiques de la photo – notamment en période électorale – et l’acquisition de connaissances générales sur l’histoire de la photo de reportage, les dix bénéficiaires ont été accompagné.es à distance par Andrew Esiebo et Fati Abubakar sur un projet documentaire personnel autour de la campagne électorale.

Des photojournalistes au cœur de la campagne électorale

Les deux tours de l’élection présidentielle se sont tenus les 25 février et 11 mars 2023, suivis par les élections de députés et gouverneurs locaux le 18 mars. Elles ont été marquées par de grandes tensions sociales et ethniques, mais aussi par des pénuries d’essence et de devises, qui ont rendu le travail journalistique difficile et éprouvant. CFI a accompagné les jeunes grâce à deux personnes expertes mobilisées pour les conseiller et les appuyer techniquement, ainsi que par le versement d’une allocation pour couvrir les frais de reportage.

Et les résultats sont là ! Tous et toutes ont fait preuve d’un incroyable talent et de beaucoup d’imagination pour couvrir cet important moment de la vie politique nigériane, en suivant par exemple la vie d’un étudiant primo-votant ou de bénévoles en charge de l’observation des élections, en enquêtant sur les problèmes d’électricité ou d’accès à l’eau dans des communautés rurales abandonnées des politiques, ou encore en rendant hommage aux premiers habitants d'Abuja – la communauté Gbagyi – spoliés de leurs terres mais néanmoins attachés à leurs droits civiques.

Comprendre les attentes des agences de presse

Lors du deuxième atelier du 26 mai au 3 juin à Lagos (sud du pays), dédié à l’économie de la photographie, les jeunes ont pu présenter leur travail et recueillir les impressions de leurs mentors et des personnes intervenantes invitées. L’enjeu de ce deuxième atelier était de les préparer ces photojournalistes, le plus souvent autodidactes et indépendant.es, à entrer sur le marché du travail et à comprendre les attentes des agences de presse et des clients potentiels : rédaction de son CV et de sa biographie, présentation de son portefolio, échanges avec des éditeurs (comme Marco Longari de l’AFP) et des directeurs de festivals (Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image), mais aussi avec des professionnels des médias en Afrique cherchant de nouvelles sources de revenus pour la photographie (Wole Lawal, the Republic, Ndu Okoh, BIRD)...

Le travail des deux derniers jours a porté sur la préparation d’une exposition finale des reportages dans les prestigieux locaux de l’Alliance Française de Lagos, en partenariat avec l’African Artists’ Foundation (AAF). La créativité étant le principal moteur de ces jeunes photographes, le vernissage du 4 juin a été précédé d’un show orchestré par Florence Martin Kessler, fondatrice de Live Magazine, un journal vivant et sur scène, qui a ravi les quelques 150 personnes invitées à prendre place dans l’amphithéâtre.

Voir toutes les photographies : portfolio en PDF.