Malek Khadhraoui : Gagner la confiance du lectorat était un challenge qui est encore d’actualité

Malek Khadhraoui : Gagner la confiance du lectorat était un challenge qui est encore d’actualité

Malek Khadhraoui, journaliste tunisien et co-fondateur d’Inkyfada, évoque l’histoire de ce média fondé en 2014 dans le sillage de la révolution tunisienne.

Le lancement d’Inkyfada a été accompagné par Ebticar Media, un projet financé par l’Union européenne et mis en œuvre par CFI, qui a permis de récolter un financement suffisant pour construire les bases de ce média.

Dans la période qui a suivi la révolution tunisienne de 2011, Malek Khadhraoui a ressenti la nécessité d’apporter plus de contextualisation et de sens aux lecteurs et lectrices, en proposant davantage qu’une simple couverture médiatique quotidienne de l’actualité et des débats. Les multiples enjeux institutionnels, économiques et sociaux de ce moment de transition nécessitaient de réelles explications.
Malek KhadhraouiInkyfada est né d’un besoin assez clair, puisqu’en 2011 et 2012, nous sommes passés d’une époque où il n’y avait ni information, ni possibilité pour les citoyens de s’exprimer, à un trop plein d’expression et de canaux de discussion, raconte Malek. Il fallait aussi reconquérir un lectorat qui n’accordait plus aucun crédit aux médias locaux.
Gagner la confiance du lectorat était donc un gros challenge, qui est encore d’actualité, souligne le journaliste.

Dès sa création, Inkyfada choisit de se consacrer à l’investigation et au traitement des données à travers des enquêtes, des web-documentaires et des reportages de terrain, tout en produisant des expériences de visualisation de l’information.
Inkyfada s’est engagé pleinement comme un contrepouvoir, un outil de compréhension des enjeux actuels de la Tunisie.Notre première mission a été d’essayer de rendre les dirigeants politiques responsables de leurs actes, en portant un regard critique sur leurs décisions et l’impact qu’elles ont sur la vie de la population tunisienne, raconte Malek.
Inkyfada s’attache à dénoncer toute forme de discrimination, en défendant les droits économiques et sociaux de chacun, les libertés individuelles et le respect des minorités, toutes ces revendications à la base de la révolution. Le média défend également l’égalité des genres en se déclarant féministe, mais aborde aussi la question des frontières et de la crise migratoire.

L’enjeu majeur pour Inkyfada, et pour les médias tunisiens en général, a été de trouver son propre modèle économique sans abandonner le principe d’une offre gratuite qui garantit un accès à un large public, tout en s’écartant du modèle classique qui repose sur une publicité détenue par les hommes d’affaires issus de l’époque dictatoriale de Ben Ali. Comme l’explique son fondateur :
Nous avons quand même résolu le problème institutionnel, lié au cadre de la presse, avec la possibilité de créer des médias sans aucune forme de contrôle, mais la vraie difficulté, c’est le financement d’un média aujourd’hui.

inkifada

 

Inkyfada a développé son propre modèle, basé sur un ensemble de services allant de la formation à l’expertise, en passant par l’accompagnement de médias et le développement d’outils destinés au journalisme et à la communication. Le deuxième enjeu, après vingt-trois ans de dictature, était de trouver les personnes compétentes, ayant une approche professionnelle du journalisme.
Aujourd’hui Inkyfada est capable de s’autofinancer à hauteur de 70 %, le reste étant soutenu par des financements structurels de donneurs et bailleurs de fonds internationaux. Et le modèle fonctionne. Après sept années de progression constante et un rythme de publication en hausse, le média a lancé cette année la première plateforme de podcasts en Afrique du Nord.


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