L’Orient-Le Jour : de l’imprimé au numérique, parcours d’un média en mutation

L’Orient-Le Jour : de l’imprimé au numérique, parcours d’un média en mutation

Plus ancien quotidien francophone libanais, L’Orient-Le Jour a engagé il y a cinq ans une réflexion de fond sur l’évolution de son offre éditoriale papier et le redéploiement de sa rédaction sur la production de contenus en ligne.

Retour sur cette transition vers le numérique avec Michel Helou, directeur du quotidien depuis août 2015 et Émilie Sueur, rédactrice en chef.

Quelles ont été les principales étapes et les défis à relever pour cette mutation ?
Michel Hélou : Notre objectif principal était de transformer le modèle économique de L’Orient-Le Jour pour en faire une entreprise média viable, opérer une transition numérique pour les lecteurs, sur les supports, mais aussi au niveau des revenus. C’est ce que l’on a réussi à faire, en partie grâce au soutien de CFI, qui nous a aidés à basculer de l’ancien vers le nouveau modèle, principalement basé sur les abonnements numériques. Nous avons été, je crois, les premiers à passer à un modèle payant. C’était une décision fondamentale dans notre transformation. Daraj a une excellente équipe d’investigation

En parallèle, nous avons travaillé sur la réforme éditoriale du journal avec la création et le développement d’un service web qui couvre l’actualité en temps réel, ainsi que la réorganisation progressive de la rédaction et le renforcement de chaque service.
À partir de 2016, nous avons entamé une refonte intégrale de notre maquette papier, en préservant sa qualité mais en réduisant son volume et les contraintes de remplissage, de manière à basculer notre énergie sur l’offre en ligne.

Un autre chantier numérique prioritaire a été de revoir notre parcours d’abonnement, afin d’inciter le lecteur à s’abonner pour accéder à du contenu payant.
Actuellement, nous sommes en train de refondre intégralement notre application mobile, pour aller vers plus de performance. Ainsi, entre fin 2017 et aujourd’hui, le nombre de nos abonnés numériques a triplé. En 2015, nous faisions moins de 5% de notre chiffre d’affaires grâce aux abonnements numériques alors qu’en 2020, ils représentent 50% de nos revenus. Il y a eu aussi de nombreux chantiers de formations spécifiques (vidéo, réseaux sociaux…).
L’amélioration continue de notre offre éditoriale a mené, en 2019, à une importante réforme, avec une évolution de la rédaction en chef.

lorient lejour

 

Que vous a apporté l’accompagnement de CFI dans cette transition ?
Émilie Sueur : Les missions d’accompagnement pour la transition numérique se sont déclinées sous de nombreux aspects : organisation de la salle de rédaction, développement d’applications, mise à jour des sites sur le plan de la conception et du graphisme, écriture web… CFI nous a apporté son vivier d’expertes et d’experts dans des domaines très variés et a financé toute la partie refonte graphique du journal. Ce qui est intéressant dans notre collaboration avec l’agence, c’est qu’elle nous a permis de réaliser cette transition de manière accélérée et qualitative, beaucoup mieux que ce que nous aurions réalisé tout seuls. C’est vraiment la qualité du travail que nous avons accompli grâce à ce soutien qui fait la différence.
darajAu-delà, participer à des conférences organisées à l’étranger nous a permis un partage d’expériences assez unique et de sortir de notre “bulle”. Et ça, c’est précieux !

Michel Hélou : Travailler avec CFI nous a apporté non seulement une aide financière et de l’expertise, mais aussi des contacts, ce qui a été décisif pour nous. Nous avons rencontré des journalistes, des patrons de presse, des experts en design, numérique, réseaux sociaux, lettres d’informations... Nous avons beaucoup appris. J’estime que nous avons eu accès à ce qui se fait de mieux en journalisme, en entrepreneuriat des médias, en innovation dans le domaine des médias et du numérique, et cela nous a beaucoup aidés.

De manière plus globale, selon vous, comment les médias ont-ils évolué ces dernières années au Liban ?
Michel Hélou Malgré ce paysage dévasté, il y a quand même des médias qui émergent. Notre modèle est véritablement nouveau. Nous avons montré qu’il y avait une voie possible pour le journalisme de qualité au Liban et je pense que c’est très important. Il y a eu des initiatives intéressantes, comme Daraj, Raseef 22 ou Mégaphone, et certaines commencent à prendre de l’ampleur.
Mégaphone a eu un vrai impact lors de la révolution de 2019, Daraj a une excellente équipe d’investigation et les journalistes de Raseef 22 sont aussi très bons sur les sujets culturels et de société. Ce sont des médias véritablement indépendants, qui défendent une certaine idée du Liban et du journalisme, et je pense qu’il faut les soutenir absolument.


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