Ali Al Fakih

Ali Al Fakih

Journaliste depuis vingt et un ans, Ali Al Fakih a été reporter pour plusieurs journaux avant de rejoindre Al Masdar Online, l’un des principaux sites d’information yéménites. En 2014, l’arrivée des milices Houthis à Sanaa l’a contraint à fuir son pays pour exercer son métier depuis l’étranger.

Quand les milices Houthis sont arrivées dans notre bureau, elles en ont pris le contrôle et nous avons dû quitter Sanaa, raconte Ali.
Dans un premier temps, il prend le chemin de Taez, dans le sud-ouest du Yémen, puis reste pendant trois mois à Marib en 2015. Ne pouvant exercer son métier dans un pays en guerre, sans électricité, ni internet, il rejoint finalement Riyadh, Amman, puis Le Caire, avant de s’installer à Istanbul où il travaille aujourd’hui.

ali al fakihPour Ali, les journalistes yéménites font face à plusieurs défis. Tout d’abord, de nombreuses régions sont en guerre et il est donc impossible d’avoir des reporters là-bas. Dans de nombreux gouvernorats, nous ne savons pas ce qui se passe. De nombreux crimes se produisent tous les jours, comme à Al Hodeida ou à Amran, mais nous ne sommes pas au courant, nous ne pouvons pas écrire à ce sujet, déplore-t-il. Ailleurs, comme à Sanaa, les reporters doivent travailler secrètement, avec une peur constante de se faire repérer et arrêter.
Le deuxième défi, ce sont les coupures d’électricité qui empêchent les journalistes sur place de se connecter à internet, parfois pendant plusieurs heures d’affilée. Cela contraint Ali Al Fakih à demander en permanence à ses reporters où ils se trouvent. Il lui faut parfois dix heures pour obtenir une information.
Pourtant, il n’a jamais cessé de raconter la guerre dans son pays : Nous devons poursuivre notre travail comme au début car nous sommes des journalistes et c’est notre devoir de continuer. Notre pays a besoin de nous pour dire au monde ce qu’il se passe chaque jour au Yémen.

C’est dans ce contexte difficile qu’Ali Al Fakih travaille depuis Istanbul en lien avec ses collègues de la rédaction basée au Canada et des reporters encore au Yémen, dans plusieurs gouvernorats, dont Taez, Aden, Lahij… Ces journalistes informent sur le conflit au quotidien, de la manière la plus professionnelle possible.
Quant à nos opinions, nous sommes contre les milices car nous souhaitons que le gouvernement revienne à Sanaa. Mais nous essayons de donner des informations sous différents angles et d’écrire sur toutes les parties du conflit, explique Ali.

al masdar

 

Notre pays a besoin de nous pour dire au monde ce qu’il se passe au Yémen.

En novembre 2019, il a participé au projet YMER+ de CFI qui favorise la circulation d’information humanitaire à destination des populations yéménites affectées par la guerre. Les ateliers organisés à Amman lui ont rappelé que les journalistes ont le devoir de se concentrer sur les victimes, au-delà des parties prenantes du conflit.
Depuis, il a remis les questions humanitaires au cœur de son travail.


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