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Wafaa Maali : balayer les préjugés

Projet associé

Dans la société de tradition patriarcale du sud de la Tunisie, certains métiers semblent réservés aux hommes. Wafaa Maali, 30 ans, balaie ces préjugés. Pour sa première réalisation vidéo Nasaween ("Groupe de femmes"), elle montre des femmes pour qui le travail n’a pas de genre. Portrait par Bérengère Merlot.

 

Casque blanc de chantier posé sur une tête au visage presque encore enfantin, le sourire de la courageuse Sabrine Saadalah, 20 ans, perce l’écran. Elle enfourche son vélo. Nous la suivons dans l’école primaire de la ville de Kébili, dans le sud de la Tunisie. Elle est en train de carreler une salle de classe.

Ce n’est pas facile d’échapper à la matrice, évoque Wafaa Maali, au sujet de la culture conservatrice du sud-tunisien, d’où elle est aussi originaire. Elle précise : L’idée de la série est d’initier un changement d’esprit concernant l’égalité des genres et l’acceptation des femmes dans des professions non-traditionnelles.

Comme Sabrine, Wafaa est une jeune femme indépendante et courageuse. Pour le projet Intajat Jadida, elle se surpasse. Elle qui n’a jamais réalisé de vidéo se forme grâce à CFI : pitch, écriture de scénario, choix des musiques. À la base, le sujet ne vient pas d’elle. Il lui est confié par une collègue. Elle intitule cette série Nasaween ("groupe de femmes"). Et pour cause.
C’est une femme rebelle dans un sens positif. Elle fait de son mieux pour contrer des traditions dépassées avec lesquelles nous avons grandi, observe la meilleure amie de Wafaa, Khaoula Esghaier, 30 ans, Tunisienne vivant en Turquie. L’histoire personnelle de Wafaa la lie aussi à ce sujet. Sa tante Doria Maali, la cinquantaine, escalade les palmiers dattiers pour les récoltes d’une grande forêt que possède la famille dans la région. Elle n’a eu de cesse de lutter contre les regards réprobateurs, contre les ‘‘on-dit’’. Aujourd’hui, elle est très fière de son métier, raconte Wafaa.

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Elle fait de son mieux pour contrer des traditions dépassées avec lesquelles nous avons grandi.
Khaoula Esghaier,
30 ans, Tunisienne vivant en Turquie.

N’aie pas peur. Vas-y !

De son côté, Wafaa commence ses études d’anglais à l’Université de Monastir et les termine en 2019 à l’Institut Supérieur des Langues de Gabes. Elle enseigne trois ans dans une école primaire privée de Kébili avant de postuler, en octobre 2022, pour un travail de traductrice de l’arabe vers l’anglais, au sein de Nefzawa TV et Radio.

Mondher Ben Ibrahim, 36 ans, réalisateur et collègue de Wafaa au sein de ce média qui aborde de nombreux sujets sur les femmes et les minorités, est son mentor. Il croit en cette jeune femme très intelligente, très disciplinée et créative. Elle était très craintive au début, puis elle a pris confiance. Je lui ai dit : ‘‘N’aie pas peur. Vas-y !’’. 
Nasaween rime avec l’éclosion de Wafaa, femme engagée. D’habitude, elle n’aime pas quitter sa zone de confort. J’ai été ébahie par son travail pour Intajat ! Elle a réussi dans un univers qui ne lui était pas habituel et elle s’est dépassée, s’enflamme Khaoula.

Grâce à ses vidéos, Mondher affirme que Wafaa va faire bouger les lignes.
Ses prochaines images mettront en lumière une autre femme qui a lancé sa société de nettoyage automobile. Histoire de balayer à nouveau les préjugés.