Mondher Ben Ibrahim : le guide du soufisme

Mondher Ben Ibrahim : le guide du soufisme

Projet associé

Originaire du sud de la Tunisie, Mondher Ben Ibrahim, 36 ans, est réalisateur. Il a conçu Aktab (Le Guide), un film de 23 minutes sur le patrimoine soufi qui se perd.
Portrait réalisé par Bérengère Merlot.

Adam Jbali, 27 ans, danse dans les palmiers de l’oasis de Kébili d’où il est originaire, dans le sud de la Tunisie. Nous le suivons tel le premier messager de l’histoire religieuse. Joli hasard, puisque le documentaire de Mondher Ben Ibrahim traite d’un voyage spirituel au cœur du soufisme (chemin initiatique de transformation intérieure dans l’Islam, Ndlr).
Adam est diplômé de l’Institut Supérieur de Musique et de Théâtre de Kef. Il est en quête de ses origines spirituelles dans le but d’en faire un spectacle moderne basé sur l’héritage soufi. Il veut comprendre ce qui se passe dans l’Hadhra, des musiques et danses basées sur la religion avec les tambours et le son de la zokra, une cornemuse.
C’est tout un système, une cadence, une harmonie, dit Adam. Le film se termine par le casting des artistes, notamment femmes, ce qui est nouveau, du spectacle Aktab dont la première représentation aura lieu durant le festival Nefzawa City, à la fin de l’année, à Nefzawa, ville du sud-ouest du pays.

Un voyage spirituel au cœur du soufisme.

Le documentaire, produit grâce au soutien d’Intajat Jadida, est quant à lui diffusé sur Nefzawa TV. Mondher n’en est pas à son coup d’essai (7 films à son actif), mais ce documentaire est un joyau de profondeur pour lequel le succès est au rendez-vous (plus de 63 000 vues en juillet 2023). Il vit à Rjim Maatoug, un village à la frontière avec l’Algérie, et travaille pour Nefzawa TV. Il est diplômé de l’Institut Supérieur des Arts Multimédias (ISAMM) de l’Université de Tunis, depuis 2012.
Après une implication bénévole pour Nefzawa de 2013-2015, il travaille à Tunis pour des chaînes de télévisions privées et une société de production cinématographique.
Puis, il réintègre Nefzawa en 2021, pour travailler sur le projet Dakerat Maken (Les mémoires des lieux), dont Aktab fait partie, et pour lequel 12 épisodes sont prévus.

Image
Mondher Ben Ibrahim

Profondément militant

Avec Aktab, je cherche à préserver et à valoriser cette tradition riche en poèmes, chants et danses, explique Mondher, dont c’est la culture familiale. Aujourd’hui, il ne reste plus que 4 écoles de soufisme contre 12 auparavant, à Kébili, ajoute-t-il. Avec son amie Aida Chameck, réalisatrice aussi, il fonde en 2011, l’Association des Cinéastes Tunisiens Indépendants (ACTI), dont le but est de défendre et protéger les droits des cinéastes. Il est aussi membre de l’Association des Réalisateurs de Films Tunisiens (ARFT).
D’après Aida, Mondher donne beaucoup d’importance au fait de sauvegarder le patrimoine par l’image pour les générations suivantes. C’est pour cela qu’il a choisi ce jeune, Adam. Mondher est un type équilibré, très calme et modeste. Parfois il paraît timide, mais il ne l’est pas. Il écoute et il réfléchit. Illustration de cette modestie, Mondher remercie chaleureusement sa famille, en particulier son épouse, de l'avoir soutenu tout au long du chemin de la réalisation de son film.

Sauvegarder le patrimoine par l’image pour les générations suivantes.

Son frère, Ali Ben Ibrahim, de 2 ans son cadet, dit de son aîné qu’il s’est accroché à ses rêvesEnfant, j’écrivais beaucoup et je voulais voir toutes les histoires que j’avais écrites, sourit Mondher.
Pour le 2e épisode, Wecham (Le tatoutage), la coïncidence spirituelle se poursuit, puisque nous suivrons les traces de Maryam, Marie, qui pratique la tradition bédouine du tatouage, non permanent, à base de dattes. Autre tradition belle et marquante