Vietnam Plus, le média de l’innovation

Cette semaine, entretien avec Le Quoc Minh qui est le fondateur de VietnamPlus, créé le 13 novembre 2008.

C'est le site web d'informations officiel de la Vietnam News Agency (VNA), la seule agence de presse du Vietnam. Avec 1300 journalistes, un réseau de 30 bureaux locaux et une soixantaine à l'étranger, la VNA est la plus importante société de médias du pays.
Le QuOc Minh y débute sa carrière de journaliste en tant que rédacteur.

Un média grand public

Vietnamplus.vn est disponible en français, en anglais, en espagnol et en chinois.
Le Quoc Minh en fut le premier rédacteur en chef jusqu'en avril 2018, où il est promu au poste de vice-président de la VNA.
VietnamPlus est un site d'information exclusivement en ligne car j'étais convaincu que les médias numériques représentaient l'avenir. "C'est un site qui s'adresse au grand public et nous traitons tous les sujets : la politique, l'économie, la société, la culture, le sport, la science en passant par la technologie, l'environnement, etc.", précise-t-il.
Au début, VietnamPlus ciblait un public "sérieux", âgé de trente ans, éduqué et résidant principalement en zone urbaine. Par la suite, le média mit en œuvre plusieurs projets innovants pour attirer une audience plus jeune : une application mobile en plusieurs langues est créée en 2010 et génère environ 500 000 téléchargements.
En 2011, le site met l'accent sur le journalisme social en couvrant le tsunami au Japon.
"Nous avons aussi lancé la photo/vidéo à 360 degrés en 2014, les récits longs formats en 2015, le journalisme de données en 2017. Notre innovation la plus populaire est RapNewsPlus, un produit bihebdomadaire qui diffuse des informations en rappant", s'enthousiasme le vice-président.
Cette innovation, qui a vu le jour en novembre 2013, a permis à VietnamPlus de faire partie des cinq rédactions les plus innovantes au monde malgré leur petite taille et de gagner le prix de la créativité de la WAN IFRA. Plusieurs médias internationaux tels que la BBC, le Guardian, Canal+, NHK ont relayé l'initiative. Le projet s'arrête néanmoins fin 2016, après trois ans d'existence : " Nous réalisons encore parfois des clips sur certains sujets. Notre tout dernier flash d'information en rap parlait de la protection de la propriété intellectuelle", indique le jeune homme.

Des sources de revenus autres que la publicité

VietnamPlus compte plus de 50 employés, son siège est à Hanoï, la capitale du Vietnam. Les journalistes apportent un soin particulier aux recoupements des informations, et s'ils sont encouragés à produire du contenu le plus rapidement possible, le contrôle de la véracité de l'information prime avant tout.
Le média dispose de pages Facebook pour chaque langue, mais celle en vietnamien est Nous ne réalisons pas de sujets "pièges à clics", le trafic ne peut pas être aussi important que sur d'autres sites d'actualités.la plus active : "La fanpage est un bon moyen de communiquer avec le public. Cela contribue à accroître le trafic. Les fanpages ne sont toutefois pas aussi performantes que par le passé, car Facebook change fréquemment d'algorithme", déplore Le Quoc Minh.

Depuis son lancement, VietnamPlus ne s'est pas vraiment appuyé sur les revenus publicitaires.
Les revenus publicitaires directs ne représentent que 30% du chiffre d'affaires. Le média se rentabilise en diversifiant ses activités : VietnamPlus est, par exemple, le principal fournisseur de contenus pour MSN Vietnam, le portail de Microsoft.
Le site d'information s'est également allié à une société norvégienne pour exploiter une page de petites annonces appelée Raovat et a créé un site web pour présenter des sociétés japonaises souhaitant investir au Vietnam ou conduisant des activités dans le pays.
"Cette initiative, menée en collaboration avec une société de médias japonaise, a été lancée en 2011 et a duré trois ans", souligne Le Quoc.

Plusieurs projets en perspective

Pour le fondateur du média, le journalisme est un travail comme un autre et quelqu'un qui dirige une salle de rédaction doit relever de nombreux défis comme dans d'autres métiers.
"Lorsque j'étais à la tête de la rédaction, mes défis consistaient à rester original pour ne pas perdre une partie du public au profit des médias sociaux qui rendent le métier de journaliste plus ardu. J'ai beaucoup réfléchi à la manière de monétiser le média sans compromettre la qualité du journalisme. Mon dernier challenge était d'investir dans les nouvelles technologies de médias".
En 2018, selon le classement Reporters sans frontières, le Vietnam occupe la 175ème place au rang mondial de la liberté de presse. Une situation qui s'est tout de même améliorée selon Le Quoc Minh : "Les journalistes font leur travail de manière plus professionnelle et répondent mieux aux attentes du public en diffusant des informations plus utiles et intéressantes. Ils n'hésitent plus à exposer les scandales, les affaires de corruption, et louent les bonnes actions", confie-t-il.

En juin 2018, VietnamPlus relancera une période d'essai pour son Paywall.
Ce service avait ouvert en 2012 mais avait dû être interrompu un an après en raison de problèmes techniques vis-à-vis du paiement en ligne, désormais résolus : "Les revenus publicitaires ont diminué et nous devons trouver une source de revenus durable pour continuer à faire du journalisme de qualité", conclut le journaliste.
En dépit de la crise de confiance généralisée envers les médias vietnamiens, Le Quoc Minh croit pourtant percevoir un certain regain d'intérêt pour les journaux traditionnels, censés être plus sûrs du fait de leur ancienneté. La recrudescence des Fake news n'a pas favorisé la bonne réputation des médias en ligne.
VietnamPlus s'intéresse aujourd'hui à l'intelligence artificielle, principalement pour la traduction automatique de ses contenus, au robot-journalisme et aux appareils à commande vocale.