Tchad : grâce au numérique, les radios donnent de la voix aux défis environnementaux
Projet associé
Afri'KibaaruAu bord du lac Taba, un pêcheur raconte comment le changement climatique impacte son métier. À Moundou, un maraîcher évoque quant à lui l’assèchement du lac et les conséquences dramatiques sur sa production. Tous deux sont interviewés par des journalistes de trois radios communautaires tchadiennes, formées la semaine dernière à l’intégration du numérique dans leurs productions. Retour sur une semaine de coaching.
Dans la région du Grand Sahel, peu de médias locaux produisent des informations capables de sensibiliser leurs audiences aux problématiques et solutions de développement durable. Pourtant, ces médias ont un rôle essentiel à jouer pour informer les populations et contribuer à l’évolution des comportements.
Pour soutenir la production de contenus liés au climat, au genre ou encore à la santé, CFI met donc en œuvre le projet Afri’Kibaaru dans le Grand Sahel, notamment au Tchad où 11 journalistes ont été récemment formés à ces thématiques à Moundou. Provenant de trois radios communautaires de la zone méridionale, ces 11 journalistes se sont réunis pendant une semaine pour évoquer l’intégration du numérique dans leurs activités radiophoniques. Animé par trois expertes et experts, le coaching croisé alliait théorie et pratique, avec un accent particulier mis sur l’utilisation du réseau social Facebook.
Paroles de journalistes
Dénéregnodji Félicité, directrice de radio Réveil FM de Goré, dit avoir développé de nouvelles compétences techniques qui lui permettront d’intégrer le numérique dans sa radio. J’ai appris des nouvelles notions et d’autres que je maîtrisais à peine, notamment la création d’une page et d’un compte Facebook ou encore le montage d’un podcast, se félicite-t-elle. La directrice de radio Réveil FM se dit prête à s’approprier le numérique : Notre radio communautaire rehaussera sa visibilité, espère-t-elle.
Le coordonnateur des programmes et des nouvelles de la radio Kar Uba (Soleil) de Moundou, Beteloum Benoit-Joseph, dit avoir vécu une expérience inédite à travers ce coaching croisé entre trois radios communautaires : Le numérique nous aidera à booster et diversifier nos contenus via Facebook et autres supports. Nous ne serons pas seulement suivis à Moundou, mais aussi à travers le monde grâce à des productions proposées à des milliers d’abonnés. Ce coaching est le point de départ. Mon équipe et moi-même allons-nous asseoir pour étudier les faisabilités et l’intégrer dans nos activités.
Pour Fierté Ouattara, chargée des programmes de la radio La Voix du Paysan (VDP) de Doba, le numérique leur permettra d’atteindre un plus grand nombre de personnes, le numérique pouvant être un nouvel apport financier pour nous, estime-t-elle.
Cependant, pour intégrer le numérique dans ces radios, le coordonnateur de la radio Kar Uba souligne que les médias communautaires éprouvent des difficultés de fonctionnement liées aux ressources financières et matérielles. Notre ambition est conditionnée par une connexion wifi, un ordinateur portable, une caméra performante, un trépied et un micro-cravate. La volonté y est mais le matériel fait défaut, regrette-t-il. Néanmoins, son média a créé sa page Facebook à l’issue de la formation et commence à publier des contenus : C’est un travail d’équipe. À cœur vaillant, rien n’est impossible. Dénéregnodji Félicité, elle aussi, reste optimiste : Il n’existe pas une ambition sans conséquence. Si la volonté et la motivation priment, tout ira. Malgré notre position géographique ainsi que les aléas du numérique au Tchad, nous y parviendrons.