Regards sur la diversité culturelle et religieuse au Liban

Cette étude dresse un état des lieux du traitement actuel des questions liées à la diversité dans les articles et reportages publiés ou diffusés en Irak, au Liban et en Syrie. Elle a été lancée en 2017 par CFI et le centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture (de la Fondation Samir Kassir) dans le cadre du projet Naseej (tissage en arabe), qui vise à encourager un débat équilibré et apaisé dans les médias autour de cette thématique.

Sur une période de deux semaines, les chercheurs ont recensé les articles et les reportages traitant directement ou indirectement de diversité, en analysant leur taille et leur fréquence et classant les différents groupes médias en fonction de la récurrence du sujet. Ils ont examiné la terminologie, le champ lexical, les références culturelles, les stéréotypes, en comparant si – dans un même média – le traitement du sujet varie selon les pages et les départements.

Synthèse des résultats de cette étude pour le Liban.

Constats

Au Liban et au cours de la période d'étude choisie, les résultats reflètent l'approche des médias à l'égard de la diversité ; perçue comme source de richesse dans une moitié des articles/reportages et comme source de menace dans l'autre moitié.

La conclusion principale est que même si les médias libanais reflètent la diversité et évoquent la majorité des groupes culturels et religieux qui existent au Liban, il n'en demeure pas moins que tous ces groupes sont mentionnés dans un contexte politique. Les médias traitent rarement de la diversité d'un point de vue culturel, social, intellectuel ou religieux. Il est vrai qu'au cours de cette période, la sécurité et le débat autour de la loi électorale – qui étaient au cœur de l'actualité – justifient en quelque sorte la mention de la diversité dans un contexte principalement politique.

Cependant, cette période a également été celle de la fête « inter-religieuse » de l'Annonciation, qui ne se célèbre pas le 25 mars uniquement mais pendant toute la semaine qui précède cette date dans différentes régions du Liban. Cette célébration n'a pas été suffisamment médiatisée. Pour cela, nous encourageons les médias libanais à ne pas privilégier uniquement la dimension politique en mentionnant les différents groupes culturels et religieux, mais à tenter également de couvrir d'autres aspects.

D'autre part, il existe un équilibre entre les articles/reportages portant le message « l'autre/la diversité comme source de richesse » et ceux qui portent le message opposé, « l'autre/la diversité comme source de menace ». Un examen approfondi de l'analyse sur le plan méthodologique montre une corrélation directe entre « l'autre/la diversité comme source de menace » et l'erreur méthodologique (au niveau du point de vue, de l'approche ou de la terminologie). Quand le message reflète la diversité sous l'angle de la menace, souvent le journaliste a fait preuve de moins de professionnalisme dans la conception de son article/reportage. Il convient de noter que l'analyse des articles montre que les médias qui les publient semblent relayer les différentes opinions politiques au lieu de les exposer à un regard critique, réduisant ainsi leur capacité à exercer leur statut de quatrième pouvoir.

Recommandations

Au niveau des recommandations, les médias devraient offrir aux journalistes et aux éditeurs plus de formations quant à la couverture des sujets ayant trait à la diversité, en vue de réduire les erreurs méthodologiques, les préjugés, les partis-pris personnels ou la publication indirecte de discours de haine dans la préparation des articles/reportages qui traitent de la diversité religieuse ou culturelle de manière directe ou indirecte.

Retrouvez tous les articles du concours Naseej dans le livret Quels destins pour les minorités au Proche-Orient ?