Quels enjeux citoyens et médiatiques pour Paris 2024 ?

Sur la piste, il n'y a pas de Blancs ou de Noirs. Seulement les rapides et les lents !
Cette citation est de Jesse Owens, sprinteur et sauteur en longueur noir-américain, quatre fois médaillé d'or aux J.O. de Berlin de 1936 au nez et à la moustache d'un certain Adolf Hitler... Selon l'Association des journalistes antiracistes et racisé·e·s (AJAR), la course est toutefois loin d'être définitivement gagnée : Nous devons veiller à ne pas reproduire involontairement des clichés ensuite répétés par le public comme 'la puissance athlétique des Noirs', 'l'intelligence tactique des Blancs' ou les Asiatiques, forcément 'petits et passifs.'
L’objectif est d’éviter, à tout prix et dans le monde entier, la diffusion d’un pot-pourri nauséabond de dérapages de commentatrices et commentateurs sportifs, parfois champion·nes de la caricature "misogynoire", cette double discrimination à la fois sexiste et raciste vécue par les championnes noires de peau comme Serena Williams.

En France, avant les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) tire aussi la sonnette d'alarme dans un rapport publié fin 2023 : Le temps d’antenne consacré à la pratique parasportive strictement masculine est trois fois plus important que celui portant sur la pratique strictement féminine. Cet écart est comparable à celui observé s’agissant du sport valide. Ainsi, les sportives en situation de handicap cumulent deux critères de sous-représentation.

Investir tous les terrains

Et si les J.O., au moins une fois tous les quatre ans, étaient l'occasion de faire évoluer les mentalités ? Les 22 disciplines officielles des Jeux Paralympiques seront pour la première fois toutes filmées et diffusées en direct. Et, les mêmes journalistes que pour les Jeux Olympiques commenteront ces disciplines, promet Guillaume Papin, journaliste à France Télévisions, diffuseur officiel de ce double événement planétaire.
Ryadh Sallem, membre du Comité paralympique sportif français (CPSF) et sportif qui a vécu six Olympiades, apprécie le chemin parcouru : Grâce aux médias, les gens n'ont plus honte d'être handicapés. Mais, nous nous sommes battus pour ne plus entendre les termes 'valides et non-valides'. Pourquoi ne pas parler de 'monde ordinaire et extraordinaire' pour mettre un peu de poésie ?
Julien Soyer, ex-champion de tennis de table et journaliste de sport au quotidien Ouest-France, encourage les jeunes journalistes à être pros plutôt que trop compatissants : "Osez nous demander les raisons de notre contre-performance par rapport à nos ambitions de départ, au lieu de nous féliciter pour notre médaille d'argent !