Prise en compte du genre dans les radios en Afrique : des progrès, mais peut mieux faire !

Prise en compte du genre dans les radios en Afrique : des progrès, mais peut mieux faire !

Journaliste à la retraite, Zara Maina est une spécialiste des questions de genre. L’ancienne présidente de l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC), section Niger, est formatrice de MédiaSahel. Elle œuvre pour l’inclusion du genre dans les médias locaux du Niger.

Pourquoi vous-êtes-vous intéressée à la question du genre ?
Zara Maina :
Je me suis intéressée à la question du genre par le biais de l’APAC. Cette association de femmes des médias a pour but d’améliorer l’image de la femme dans les médias en brisant les stéréotypes véhiculés inconsciemment par les hommes et femmes.

Quelle est la situation réelle des femmes au Niger ?
Zara Maina :
Un grand fossé sépare la réalité des textes nationaux et des documents juridiques auxquels le Niger a adhéré en matière de respect des droits des femmes. Toutes les questions relatives à la vie familiale sont soumises à la coutume, ce qui ne favorise pas l'épanouissement de la femme. Souvent la coutume est en contradiction avec la loi et même avec l’Islam. Et malgré le poids de la religion, la coutume prévaut. En matière d'accès à la terre par exemple, on prive la femme de sa part garantie pourtant par le saint livre.

Le genre est-il pris en compte dans les médias ?
Zara Maina :
Nous constatons une évolution de la situation. Des avancées sont certes enregistrées dans de nombreux domaines mais la lutte se poursuit dans la conjugaison des efforts de l’État, des organisations féminines et des partenaires techniques et financiers. Avec ONU femmes, nous avons élaboré une charte pour l’amélioration de l’image de la femme dans les médias. L’objectif est de lutter contre les discriminations faites aux femmes dans les rédactions. À travers cette charte, nous reconnaissons le droit à toutes les couches sociales de donner leur point de vue par rapport aux questions de développement du pays.

Qu’avez-vous mis en œuvre dans le cadre de MédiaSahel ?
Zara Maina :
Des animatrices et animateurs, ainsi que des responsables de radios, ont été formés au journalisme sensible au genre et au conflit. À la suite de cette formation, des responsables de radios se sont engagés et, en collaboration, nous avons élaboré un code de conduite "genre" qui est aujourd’hui affiché à l’entrée des studios à la vue de tous et toutes.
Outre ces engagements, les formatrices et formateurs de MédiaSahel assurent un suivi rapproché dans les médias. Nous sommes en contact avec les radios. Nous évaluons la sensibilité au genre à travers plusieurs critères. Ce sont ceux liés au nombre de femmes à des postes de responsabilité, à la prise en compte des préoccupations des femmes dans les contenus. Nous cherchons à savoir, d’une part, si c’est un homme ou une femme qui anime l’émission et, d’autre part, si des femmes expertes sont conviées lors des émissions.

MédiaSahel va décliner son volet "genre", MédiaSahel pour elles. Qu’en attendez-vous ?
Zara Maina :
Nous attendons un renforcement des capacités des hommes et femmes des médias pour intensifier la lutte contre les stéréotypes sexistes et les préjugés ainsi que l'amélioration de l'image des femmes. Une image reflétant leur contribution à la vie socio-économique du pays.

Zara Maiga
Zara Maiga, spécialiste des questions de genre et formatrice pour le projet MédiaSahel

 

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