Kel Yom, un journal d’actualité pour les enfants

Kel Yom, un journal d’actualité pour les enfants

Un jour dans mon média est une série de témoignages, qui raconte chaque semaine le quotidien de personnes travaillant dans les médias de l'Afrique, du monde arabe et de l'Asie du Sud-Est, accompagnés par CFI.

Cette semaine, entretien avec Lamia Rassi et Hala Bejjani du journal Kel Yom au Liban.


Hala Bejjani et Lamia Rassi sont les deux libanaises derrière Kel yom, la version arabe du journal d'actualité en français Le Petit Quotidien, dédié aux enfants. Si elles en ont eu l'idée, c'est d'abord parce qu'elles sont toutes les deux mamans. Elles ont ressenti un besoin de ressources éducatives en langue arabe pour leurs enfants.
La rencontre de Hala et Lamia avec François Dufour, directeur du journal, a été décisive dans la concrétisation de Kel Yom.

Le Qatar, dans un premier temps

Les deux femmes parviennent à tisser une relation de confiance avec l'équipe française du Petit Quotidien. Les derniers détails sont réglés et très vite une version arabe du journal voit le jour en 2011, au Qatar.

"Comme nous habitions au Qatar, c'était plus simple de commencer là-bas. C'est un petit marché sur lequel il est plus facile de s'implanter", souligne Hala.

Un partenariat est établi entre Playbac, éditrice du Petit Quotidien et la société Planet News Business fondée par les deux femmes. Pour chaque pays d'exploitation de la marque déposée, des droits d'auteurs sont versés à Playbac et en contrepartie, Planet News Business peut utiliser le concept, la maquette et l'accès à la base de données du journal français.

"Avant Kel Yom, qui aujourd'hui a pris une place considérable dans nos projets, nous travaillions sur l'édition de guides scolaires, ou de magazines consacrés à l'immobilier ou à l'architecture", explique Lamia.

Lamia Rassi

Une organisation répartie sur deux pays

Grâce aux ressources apportées par les publicités au Qatar, Kel Yom est désormais financièrement autonome. Les deux entrepreneurs espèrent générer du profit en capitalisant sur le succès du média pour créer des livres spécialisés dans le domaine de l'éducation : il y a quelques mois, elles ont édité un ouvrage consacré à l'économie et expliqué aux enfants, en collaboration avec la Banque du Qatar.

Cela a permis d'élargir l'horizon de Planet News Business, qui s'est implanté au Liban, leur pays d'origine. Aujourd'hui, le siège de la société est à Beyrouth et une antenne est restée à Doha. L'équipe est répartie entre les deux pays et comprend sept permanents et des pigistes.
L'équipe éditoriale (journalistes, designers, correcteurs, illustrateurs, enseignants) est chargée de piloter la rédaction du numéro des deux pays : les infographies sont adaptées aux réalités de chaque terrain. Même si Kel Yom essaie de suivre l'actualité dans le choix de ses sujets, la priorité reste de se calquer aux programmes scolaires nationaux :

"Kel Yom doit être ludique pour intéresser les enfants tout en étant informatif et éducatif pour être lu en classe par les enseignants", affirme Hala.

Il s'agit de trouver le juste équilibre pour apprendre tout en s'amusant.


Une version numérique pour les plus grands

"Les adolescents s'intéressent plus au numérique qu'au papier. Le contenu du journal papier et celui de la version en ligne seront différents."

La première génération de jeunes lecteurs a aujourd'hui grandi et une version numérique multilingue français et arabe, leur sera destinée dans les semaines à venir. Francophones, Hala et Lamia sont en effet, en tant que libanaises, attachées au pluri-linguisme qui caractérise le pays du cèdre.

Le site, pour le moment en version bêta, sera le moyen de garder un lien avec ces lecteurs de la première heure, auxquels sont attachés les deux Libanaises.


Hala Bejjani

En cours de développement, la publication de la version numérique de Kel Yom est prévue pour fin mars 2018 :

"Nous prenons le temps de structurer notre stratégie numérique car le copyright n'est pas respecté au Liban. Nous souhaitons créer un site où il sera impossible de nous voler nos illustrations", détaille Hala.

En attendant, une page Facebook du journal a été créée et totalise à ce jour plus d'un millier d'abonnés.

Des projets d'expansion pour le journal

Nous recevons régulièrement des messages de félicitations et d'encouragements de parents d'élèves. Par exemple, certains d'entre eux sont émus car ce sont leurs enfants, qui réclament la lecture de Kel Yom", affirme Lamia. En effet, l'arabe littéraire étant plus difficile que le Libanais parlé, Kel Yom encourage les enfants à se former plus facilement. Le journal s'autocensure néanmoins sur certains sujets de société en raison "de la polarisation des médias au Liban", explique Hala.

En dépit de quelques difficultés financières rencontrées au début et du manque de main d'œuvre qualifiée au Qatar notamment, Lamia et Hala ont encore de grands projets pour Kel Yom. Un contrat a été signé avec une ONG qui aide les réfugiés en Jordanie. Le média devrait être distribué dans les centres d'accueil qui proposent un soutien scolaire aux enfants réfugiés.

Kel Yom a participé aux projets Orient numérique et Lectures Numériques qui accompagnent les médias francophones libanais dans le développement de leurs audiences, la création de nouvelles offres et le renforcement de leur rentabilité. Ces projets sont organisés par CFI et soutenus par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

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