Intajat Jadida débusque 21 nouvelles pépites éditoriales

Des femmes touarègues du sud-libyen chantent en tenues traditionnelles. Un (faux) rappeur algérien décrit avec humour son processus de "création" grâce à ChatGPT. Deux jeunes tunisiens discutent d'une pratique traditionnelle chargée de préjugés. Des marocaines échangent des confidences intimes dans les toilettes. Applaudissements, rires, silences respectueux… L'ambiance est à la bienveillance pour la clôture du projet Intajat Jadida.
Les 21 créatrices et créateurs de contenus des deux promotions découvrent, enthousiastes, quelques-unes des vidéos pilotes réalisées durant leur accompagnement. De prometteuses pépites éditoriales qui répondent en tous points à l'objectif du projet mené depuis juin 2022 en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Libye : booster la créativité des bénéficiaires pour créer des productions audiovisuelles divertissantes, toujours plus culturelles et éducatives.

Présents également à l'atelier de clôture en Tunisie, leurs coachs experts les félicitent d'avoir trouvé d'aussi bons filons.
En quelques mois, tous ont réussi à réaliser une production audiovisuelle bien structurée, apprécie Claire Leproust, fondatrice de FabLab Channel. Nous les avons aidés à affiner leur angle éditorial et travaillé avec eux sur l'écriture, précise Malek Khadhraoui, de l’association Al Khatt et fondateur du média tunisien Inkyfada.
Ceux qui ont le plus écouté les impossibilités par rapport à leur projet de départ, et sont allés creuser plus profond encore, sont ceux qui obtiennent les résultats les plus intéressants, résume Philippe Couve, fondateur de Samsa Africa.

Communauté = pilier

Creuser plus profond pour dénicher d'autres pépites culturelles, la spécialité notamment du participant tunisien Aymen Goubaa et de son projet "Musiques enfouies", prix du meilleur pilote de la 2e promo : Je voulais emmener le public avec moi sur le terrain pour mettre en lumière des jeunes artistes de ma région du sud-tunisien.
Au micro, son camarade de promo algérien raconte lui aussi son aventure éditoriale : Mon idée était de réaliser un podcast éducatif sur la consommation de drogues des étudiants, un sujet tabou chez nous.

Pour toutes et tous, après le succès de leurs projets, l'enjeu est maintenant de fidéliser leur audience. Grâce à votre communauté, vous pouvez trouver votre indépendance. Diversifiez vos revenus, car YouTube est un ogre voleur de contenus ! N'hésitez pas non plus à refuser de l'argent et à le faire savoir à votre communauté. Cela vous ouvrira d'autres marchés, conseille Marc de Boni, co-fondateur de la chaîne YouTube "Et tout le monde s'en fout".
Younes Lazrak, directeur général de Jawjab, média marocain, présente ainsi aux participants une courte vidéo sur la précarité menstruelle réalisée avec le soutien financier d'une marque sans aucune intervention éditoriale de sa part.
Une intervention qui a marqué les esprits, notamment celui du libyen Aladdin Elsgier (voir son portrait), qui recense déjà sur sa chaîne quatre épisodes et 300 000 vues sur les réseaux sociaux pour son podcast sur l’e-commerce (échange de biens et services via Internet) : Je me construis une réputation pour que de nouveaux partenaires viennent à moi. J'organise des événements mensuels rassemblant différents entrepreneurs. J'offre des gratuités à des médias pour y faire en contrepartie la promotion de mon podcast.

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Vers de futures co-productions régionales

Un à un, les participants viennent placer, en fin d'atelier, des petits papiers comme autant d'idées à venir, en particulier pour un accompagnement de prochaines co-productions régionales sur des thématiques communes au Maghreb, comme la culture ou les jeunes.
Peut-être de quoi inspirer CFI pour accompagner, ailleurs en Afrique, d'autres chercheuses et chercheurs de pépites éditoriales avec un futur Intajat Jadida, encore plus à la carte, avec des appuis techniques et éditoriaux différents en fonction des niveaux initiaux.

Conceptrice et responsable du projet pilote, Sylvie Orio invite en tout cas les participants à ne pas s'arrêter là, maintenant qu'ils ont trouvé le bon filon des productions innovantes :