Évaluation du projet YMER+
Projet associé
YMER+Afin de contribuer, par le biais des médias, à une action rapide visant à désamorcer le conflit au Yémen, CFI a mené le projet YMER+ entre octobre 2018 et décembre 2020. Une fois ce projet terminé, il a été évalué par Impact Research, une société indépendante.
Synthèse des principales conclusions.
Les actions mises en place incluaient des formations, des conférences, des sessions de mise en relation, la création d’un réseau de journalistes et d’une plate-forme associée, ainsi qu'un soutien aux journalistes pour les aider à faire face à la COVID-19 et leur assurer un revenu pour la production de contenus multimédia de qualité diffusés sur la plate-forme Sawt Insan et republiés sur les réseaux des médias participants. L'initiative comprend actuellement une plate-forme en ligne avec plus de 300 contenus multimédia et une page Facebook avec plus de 20 000 abonnés.
Les journalistes ont travaillé sur les principes de neutralité, d'intégrité, d'indépendance et d'aide humanitaire
Le projet YMER+ a exploité les enseignements du projet YMER. Le projet a contribué à soutenir des journalistes et à lutter contre le phénomène de polarisation au Yémen, avec de nouveaux journalistes qui se sont engagés à appliquer un code de conduite professionnel, se sont familiarisés avec les principes de neutralité, d'intégrité, d'indépendance et d'aide humanitaire, et ont manifesté un intérêt pour le soutien de l'effort humanitaire dans le pays.
Les journalistes ont créé plus de 335 contenus multimédia qui ont fait l'objet de contrôles de qualité et ont généré un revenu de travail décent. La plate-forme Sawt Insan (Voix d'un humain, en français), a été créée et un réseau de journalistes a été mis en place pour soutenir l'effort humanitaire.
La participation des femmes a été prise en considération à chaque étape.
Grâce au projet YMER+, les journalistes ont pu bénéficier de formations, d'un encadrement, d'un accès à la plate-forme, d'un réseau, de bourses et de prix. Les journalistes ont été satisfaits par les résultats du projet et en ont tiré des enseignements. Le projet a contribué à renforcer leur connaissance sur l’information humanitaire et les principes qui en découlent. Ils ont également développé leurs compétences en création de contenu et en rédaction.
Les différentes parties prenantes avaient des conceptions différentes du "journalisme humanitaire"
Le concept de "journalisme humanitaire" semble nécessiter des explications et une conceptualisation plus poussées. Les différentes parties prenantes avaient des conceptions contradictoires. Les titres du projet faisaient état d'une réponse d'urgence visant à aider les journalistes grâce à des bourses et au renforcement des capacités. Si certains espèrent une communication bidirectionnelle entre les bénéficiaires de l'aide et les donateurs, y compris les organismes d'exécution, certains l'envisagent davantage comme une communication à sens unique en direction des plus vulnérables afin de les aider à faire face à la crise.
Les attentes concernant les contenus créés étaient diverses. Certains pensaient qu'ils devraient cibler davantage les donateurs internationaux avec des témoignages de populations en difficulté, tandis que d'autres ont estimé qu'ils devraient promouvoir l'action humanitaire effectuée au Yémen afin que le grand public puisse apprécier l'effort de la communauté internationale dans le pays. D'autres, au contraire, pensaient qu’ils devraient fournir aux personnes déplacées et aux personnes vulnérables une aide à l’information pour savoir où trouver des distributions de biens de première nécessité et comment vivre en sécurité dans un camp pour personnes déplacées.
Enfin, certains ont considéré que le projet devait décorréler la vie humaine et les moyens de subsistance du conflit.
Les journalistes ont accepté de signer un code de conduite et de s'y conformer
Cette intervention a contribué à préparer les médias en vue de pourparlers de paix avec des journalistes habitués à couvrir des conflits et toute une infrastructure de couverture médiatique. Malheureusement, les pourparlers de paix n'ont pas eu lieu dans la période donnée. Pourtant, la nécessité de ce type de préparation reste pertinente pour le projet YMER++.
Une des avancées du projet a été le changement d'attitude de certains journalistes participants qui ont accepté de signer le code de conduite et de s'y conformer. Le code de conduite avait pour but de réduire les tensions entre les canaux médiatiques des différentes parties en conflit.
Le projet YMER++ pourrait viser un public plus large de journalistes et inclure une plate-forme optimisée, des services de soutien aux médias et d'aide au développement pour les institutions médiatiques et les journalistes.
Le projet aborde le nouveau thème médiatique de « journalisme humanitaire » et mériterait de développer encore davantage le concept. Il serait également intéressant de s'intéresser à sa pertinence et à ses approches quand à la réalisation de différents objectifs. Le projet YMER+ constitue une formidable opportunité de décrire ce que recouvre le journalisme humanitaire, et ce qui peut en émerger.