Un an après, qu’est-ce qui a changé ?
En 2022, la journaliste Hawa Ba avait dénoncé, dans un reportage sur le football féminin en Mauritanie, les préjugés dont sont victimes les jeunes sportives. Un an après, elle tire un bilan positif de cette expérience.
Que s’est-il passé depuis la diffusion de votre reportage en Mauritanie ?
Hawa Ba : Depuis cette production, plusieurs événements se sont produits. Des projections ont eu lieu, suivies de débats animés et de réactions variées de la part de la communauté mauritanienne. J’ai été également invitée à prendre la parole sur une chaine privée, El Wataniya, pour présenter mon reportage.
L’an dernier, vous disiez craindre les conséquences de la diffusion de votre reportage en Mauritanie. Comment a-t-il été accueilli ?
Hawa Ba : En tant que jeune journaliste et militante des droits des femmes, j'ai effectivement ressenti une certaine appréhension quant à l'impact de mon reportage. En Mauritanie, aborder certains sujets sensibles peut susciter des inquiétudes quant à la réaction de la communauté. Cependant, je considère qu'il est de mon devoir de contribuer à l’évolution des mentalités, notamment en ce qui concerne les perceptions et les préjugés liés à la pratique du football féminin. Cette production a permis aux nouvelles générations d'apprendre des leçons tirées de l'expérience de la jeune footballeuse et de proposer des pistes de solutions pour lutter contre les préjugés et les tabous entourant le football féminin dans mon pays. Elle a servi de support lors de campagnes de sensibilisation, notamment au lycée français où les joueuses elles-mêmes ont sensibilisé les élèves.
D’après la Fédération du Football Féminin en Mauritanie, le nombre de jeunes joueuses a augmenté à Nouakchott et dans le reste du pays. On a également observé un changement des mentalités chez certains parents vis-à-vis du football féminin.
Sur le plan personnel, qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
Hawa Ba : Elle m’a permis de progresser professionnellement. Grâce à l’accompagnement d’Afri’Kibaaru, j'ai pris le temps nécessaire pour réaliser un bon reportage, notamment lors de sa préparation, pour le choix de l'angle et des personnes ressources. Si c’était à refaire, j’approfondirais juste mes investigations en recueillant l'avis d'un leader religieux sur cette question.
De nombreux journalistes, tant les anciens que la nouvelle génération, ont apprécié mon travail. Ma vidéo a suscité un réel intérêt car elle traite d'une question d'actualité en Mauritanie et véhicule un message visant à promouvoir les droits des femmes.