Vu Duc Khuynh

"Rien que la vérité" pour le formateur Vu Duc Khuynh

Projet associé

À 67 ans, le journaliste vietnamien Vu Duc Khuynh "curieux de tout" selon ses proches, continue à former les plus jeunes. Il se réjouit de partager bientôt à nouveau ses expériences dans le cadre du projet Des médias, une santé.

Pas toujours toute la vérité, mais rien que la vérité. "Dans ma carrière, même si parfois, je ne pouvais pas dire toute la vérité, je peux affirmer que je n'ai jamais menti !" s'enorgueillit le journaliste vietnamien aguerri, Vu Duc Khuynh, 67 ans. 

Né dans une famille de sept enfants en Nouvelle Calédonie, Khuynh a 7 ans quand il rentre au Vietnam en 1964. Il y découvre la guerre et la pauvreté. "Il était dans notre maison à Hanoï quand elle a été bombardée... Heureusement, il était en sécurité, mais nous avons encore une photo de lui parcourant les décombres... Jeune, il a regardé beaucoup de films de guerre et rêvait de rejoindre l'armée pour combattre sur la ligne de front", se souvient Thi Yen Vu, sa petite sœur. 

Quand je suis rentré au Viêt Nam, j'ai commencé à travailler à la TV nationale.

En 1976, après la guerre, une autre porte s'ouvre à lui. "Le gouvernement avait besoin de cadres. Après le lycée, j'ai étudié six ans en URSS (Union des républiques socialistes soviétiques, ex bloc de l'Est, Ndlr) et obtenu un diplôme d'interprète de russe et de français. J'ai ensuite suivi des stages de perfectionnement dans le domaine audio-visuel en France." De quoi faire naître une passion pour le journalisme télévisé et un dégoût du mensonge : "En Russie, je me suis senti victime de propagande. Quand je suis rentré au Viêt Nam, j'ai commencé à travailler à la TV nationale. Normalement, il fallait être membre du parti communiste pour y faire carrière, mais jusqu'à ma retraite, je suis resté en dehors du parti."

"Éviter les fake news"

À la télévision vietnamienne, Khuynh passe par différents services : journaliste reporter d'images, relations internationales, reprises des programmes d'URSS et de France, rubrique "portraits de vies", puis création d'un journal en français. "J'étais responsable du contenu, mais personne ne pouvait nous censurer, car très peu de gens dans notre télévision d'État parlait français !", s'amuse le journaliste facétieux dans un français impeccable.

Professionnel et très flexible, il aime interagir et faire rire les jeunes participants à ses formations pour qu'ils s'identifient et comprennent plus facilement.
Van Anh Le
Chef de département d'un centre de formation des journalistes vietnamiens

Khuynh développe ensuite ses compétences de réalisateur de films documentaires et de formateur. "Professionnel et très flexible, il aime interagir et faire rire les jeunes participants à ses formations pour qu'ils s'identifient et comprennent plus facilement", apprécie Van Anh Le, chef de département du centre de formation des journalistes vietnamiens dans lequel "Chú" (oncle) Khuynh intervient depuis 2017.

Le modeste tonton relativise : "Je partage juste mes expériences de journaliste. J'aime cela, même si ce n'est pas facile. Par exemple pour Mékong info durable, je me suis beaucoup documenté avant les formations sur la pollution de l'air et j'ai fait venir des spécialistes. Le nouveau projet Des médias, une santé représente un nouveau challenge. Je vais coopérer avec des journalistes spécialisés pour éviter de propager des fake news qui désorientent les journalistes, les médecins, les autorités et le public, comme lors du Covid-19."

Portrait par Emmanuel de Solère Stintzy (Journalistes Médiateurs)

Image
A-67-ans,-Khuynh-est-toujours-dans-son-élément-sur-le-terrain


* L’approche "une seule santé" invite à penser la santé autrement en reconnaissant l’interdépendance du bien-être des populations humaines avec celui des animaux et des écosystèmes. Elle utilise les liens étroits et interdépendants qui existent entre ces domaines pour créer de nouvelles méthodes de surveillance des maladies, notamment, et de lutte contre celles-ci (source : Organisation mondiale de la Santé).