Pierre Gillette, formateur dans l’âme
Figure du journalisme local, Pierre Gillette, 65 ans, vit au Cambodge depuis plus de 30 ans. Écouté et respecté, il a été choisi par CFI pour former une quinzaine de journalistes à l’approche "Une seule santé*", dans le cadre du projet Des médias, une santé.
Doué de la faculté de se fondre dans son environnement, Pierre Gillette, 65 ans, a pourtant "façonné le paysage médiatique du Cambodge", décrit son collègue de longue date, Soklim Ky, 53 ans, journaliste pour Thmey Thmey, un journal cambodgien en ligne (https://thmeythmey.com/). Il attribue même à son compère, la formation "de centaines et même de milliers de journalistes cambodgiens, en plus d’être un excellent journaliste et un bon écrivain". "Au Cambodge, on a du mal avec les chiffres", rigole humblement Pierre.
Arrivé dans le pays pour rejoindre des amis pigistes français, il s’installe en avril 1994. "C’était intéressant d’être là à ce moment précis de l’histoire du pays, après 30 années de guerre", raconte-t-il. En mai 1995, le journal franco-khmer Cambodge Soir est créé. Journal français qui parle du Cambodge mais pas journal pour les expatriés, la rédaction est mixte. Pierre devient le rédacteur en chef en août 1995 jusqu’à la disparition du quotidien en 2007. "L’idée était de former une génération de journalistes, par le biais d’un journal-école, de laisser une trace", décrit Stéphanie Gée, ancienne journaliste de Cambodge Soir, aujourd’hui réviseuse et traductrice pour les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) qui jugent les crimes sous l'ère des Khmers rouges.
A l’origine, Pierre étudiait l’histoire, à l’Université de Caen (nord-ouest de la France), à la fin des années 1970. Lecteur avide, passé par la case "débrouille-toi tout seul" du journalisme, il pousse un jour la porte d’une radio associative "Radio Kincaille", sur le campus, et trouve sa voie.
"J’aime le collectif"
Basé à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, Pierre est aujourd’hui un précieux relai pour le journal Themy Thmey avec lequel il collabore. Conseiller en communication institutionnelle du laboratoire pharmaceutique PPM (Pharma Product Manufacturing) et de l’entreprise d’agro-biologie Confirel, il écrit aussi des biographies.
En tant que formateur pour CFI (https://cfi.fr/fr/projet/des-medias-une-sante), il estime qu’"il est vital d’informer les Cambodgiens sur les sujets santé." En tant que rédacteur en chef, "il possède une autorité naturelle, une vision et une idée du journalisme passion avec des articles qui donnent à réfléchir, sans prêt-à-penser", décrit Stéphanie Gée. "Timide de prime abord mais pas dénué d’humour, il est toujours arrangeant » reprend-elle. Pierre en convient, « j’aime le collectif, pas la hiérarchie."
Ce qui l’anime par-dessus tout, c’est "l’envie que les journalistes formés soient reconnus et respectés comme des gens spécialisés, capables de traiter l’information santé et de la transmettre." Avec style, ironie et jeux de mots, comme lorsque "Pierre fait parler les éléphants pour un papier ou qu’il interpelle sur la nécessité d’entrer sans chaussures dans le temple d’Angkor Wat, symbole du Cambodge, pour préserver les pierres", retrace, plein d’admiration, Soklim.
Portrait par Bérengère Merlot (Journalistes Médiateurs)
* L’approche "une seule santé" invite à penser la santé autrement en reconnaissant l’interdépendance du bien-être des populations humaines avec celui des animaux et des écosystèmes. Elle utilise les liens étroits et interdépendants qui existent entre ces domaines pour créer de nouvelles méthodes de surveillance des maladies, notamment, et de lutte contre celles-ci (source : Organisation mondiale de la Santé).