Omar Chraibi, l'esprit d'équipe
Journaliste sportif indépendant marocain, Omar Chraibi, 31 ans, a galéré pour se faire une place dans le métier. Pourtant, sans rancune, il conseille aujourd'hui les plus jeunes dans leurs ambitions. Un sens du collectif qu'on retrouve aussi dans ses productions multi-sports au pays du foot roi.
Portrait réalisé par Emmanuel de Solère Stintzy.
Quand il était petit, on demandait à Omar d'imiter les commentateurs sportifs pendant nos fêtes de famille. On rigolait, mais tout le monde voyait en lui cette passion , se souvient Hamza Lazrak, cousin du journaliste sportif marocain Omar Chraibi. Inscrit à l'école de foot du Raja Casablanca, le brillant élève, adepte de mots croisés avec son père, collectionne alors les bonnes notes en arabe, en français et en anglais. Il commence même à rédiger des articles. Avec en plus un oncle journaliste sportif (Mustapha Abouibadallah, journal Le Matin), la voie semble toute tracée.
Tout se complique après le bac... En raison de ses moyens financiers limités, Omar doit passer dans un premier temps par la faculté publique, avec uniquement des seconds choix à sa portée. Il s'oriente d'abord vers le droit privé, puis les gros œuvres, puis le droit arabe. Trois échecs et zéro diplôme à la clef... J'ai failli devenir avocat ou notaire, mais je n'ai pas eu ce déclic. Grâce aux sacrifices financiers de ma famille, j'ai finalement obtenu une licence dans un institut privé de journalisme à Casablanca, résume Omar.
Audace et volonté
L'apprenti journaliste sportif n'en est pourtant pas au bout de ses galères : J'ai dû faire preuve d'audace et de volonté pour me créer un chemin. J'essayais d'accéder à des matchs de l'équipe nationale avec ma carte d'étudiant... J'ai travaillé ensuite pour des journaux et des sites spécialisés. Certains anciens dans le métier ne voulaient pas que je sois journaliste sportif comme eux... Finalement, en 2016, Omar Chraibi signe son premier contrat pro avec Hesport, et commence à être davantage connu et respecté pour son professionnalisme.
À 31 ans, il travaille désormais comme journaliste indépendant pour différents médias : Belpresse, Med Radio, Afrique Matchs et Assahifa. Il a eu le privilège pour l'éternité de couvrir la demie finale de sa sélection nationale face à la France lors de la dernière Coupe du Monde de foot au Qatar. Il a aussi été dans différents pays africains pour plusieurs Coupes d'Afrique des Nations (CAN) : En 2019, j'avais fait des économies pour aller couvrir la CAN en Égypte. Cette année, je suis allé couvrir la CAN en Côte d'Ivoire, où on avait peur du paludisme et d'autres maladies qui nous encerclaient !
On se focalise trop sur le foot !
Sa consœur Oumeïma Er-rafay s'en souvient : À cette CAN, j'ai découvert quelqu'un de très professionnel et hyper serviable. À la section jeunes de l'Association marocaine de la presse sportive (AMPS), j'ai été secrétaire générale et lui président d'honneur. C'est un leader cool, pas un despote ! Nous discutons régulièrement sur les potentiels et les problèmes des jeunes journalistes.
Mais, malgré l'approche des J.O, Omar Chraibi est encore trop jeune pour passer le flambeau. Il aime toujours autant déclarer sa flamme à tous les sports en prenant son public à témoin : Au Maroc, on se focalise trop sur le foot ! J'aime dénicher des talents dans différents sports : Mohamed Rabii champion du monde de boxe ou Soufiane El Bakkali, champion olympique d'athlétisme.
Un esprit d'équipe qui s'étend aux prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris qu'il couvrira grâce au projet Paris Médias 2024 de CFI : Nous avons au Maroc plusieurs champions qui méritent une couverture médiatique, de par leur performance mais aussi leur passion pour leur sport. J'ai ainsi réalisé les portraits de coureurs paralympiques qui faisaient une grève devant le ministère pour avoir leurs primes. Ça me fait mal au cœur qu'on ne parle pas d'eux davantage au Maroc, alors qu'ils ont des problèmes pour accéder aux stades et s'entraîner. Je ne peux que transmettre leur message..., conclut le porte-parole au grand cœur.
Dans 10 ans...
Quand ils étaient enfants, les deux cousins Hamza Lazrak et Omar Chraibi avaient une passion commune pour les chaînes TV françaises.
Nous regardions les J.O., la Coupe du Monde, les championnats européens... Peut-être Omar travaillera-t-il dans une de ces chaînes dans 10 ans ? Il a déjà couvert de grands événements sportifs, mais ce n'est qu'un début, assure Hamza, optimiste.
Journaliste sportive, Oumeïma Er-rafay lui prédit également un fabuleux destin : Il a la carrure pour décrocher un poste à la FIFA ! Dans 10 ans, il pourrait aussi devenir rédacteur en chef d'un média, car il sait faire ressortir les talents de chacun.
Humble, l'intéressé commence par dire qu'il essaye d'être professionnel en gardant ses valeurs et ses principes pour honorer sa famille, ses amis, son pays. Il finit toutefois par dévoiler l’un de ses rêves : Pourquoi pas devenir journaliste dans un média international qui me donnera la chance de couvrir de grands événements sportifs et me laissera la possibilité d'être créatif ?
Car, Omar Chraibi ne s'imagine pas dans dix ans coincé dans un bureau : Ce n'est pas mon monde ! Je préfère voyager, être sur le terrain. Chaque jour on vit, on découvre. Dans quelques années, j'espère transmettre cela aux plus jeunes.
Pas loin d'un discours d'un futur potentiel rédacteur en chef...