Mémoire de journalistes – Félix Chaudhary : aux Fidji, les "questions environnementales sont notre quotidien"
Directeur général par intérim de la Fijian Broadcasting Corporation (FBC), à 55 ans, Félix Chaudhary, est un manager apprécié de son équipe pour "ses connaissances, son travail acharné, son humilité et sa gentillesse".
Détenu et menacé à plusieurs reprises après le coup d'État militaire de 2006, il est aussi un fervent défenseur de la liberté de la presse dans son pays, les îles Fidji.
Racontez-nous quelques uns de vos meilleurs souvenirs de journaliste
En seize ans de journalisme, j'ai tant de meilleurs souvenirs !
Mais, l'un des plus marquants reste la transition de décembre 2022 aux Fidji, avec la fin du régime précédent et ses restrictions, vers la véritable démocratie dont nous jouissons aujourd'hui. En 2022, la loi draconienne sur le développement de l’industrie des médias a, en effet, été abrogée, un moment marquant pour les Fidji.
Auparavant, entre 2006 à 2014, tous les journalistes rencontraient d’énormes difficultés. Les élections générales de 2014 avaient déjà permis au paysage médiatique de commencer à bénéficier de certaines libertés.
En résumé, pourquoi aimez-vous ce métier ?
J'aime mon métier, car il me permet d'avoir un impact positif sur la vie des gens. Mettre en lumière les problèmes et être témoin de leur résolution me rappelle l'immense responsabilité qui incombe au journalisme et la satisfaction que procurent les résultats positifs.
Quelles sont les principales évolutions journalistiques aux Fidji ?
Les rédactions des Fidji et du Pacifique sont confrontées à d'immenses défis liés à la transition rapide des médias traditionnels, comme la presse écrite et la télévision, vers les plateformes numériques. Il s'agit sans aucun doute de l'évolution majeure, porteuse à la fois de formidables opportunités et de défis.
Comment les journalistes des Fidji parlent-elles et ils des sujets liés à l'environnement ?
Le changement climatique et les questions environnementales font partie intégrante du quotidien des journalistes aux Fidji. Nous sommes fréquemment touchés par des cyclones tropicaux, et les journalistes sur le terrain couvrent leurs conséquences. Nous faisons également régulièrement face à des inondations en raison de la fréquence et de l'intensité croissantes des précipitations.
À ma connaissance, nous n'avons pas connu de problèmes de désinformation sur le climat et l'environnement. Mais, chaque journaliste doit s'assurer que ses informations proviennent de sources crédibles. C'est un principe fondamental du journalisme.

Après 2026 et la fin du projet Terra Asia de CFI, quelles seront les orientations éditoriales de FBC sur les enjeux environnementaux ?
Dégradation des forêts, inondations côtières, conséquences des catastrophes naturelles... FBC a toujours couvert les sujets liés à l'environnement. Cependant, depuis le début du projet Terra Asia, je constate une évolution dans la manière dont les journalistes ayant suivi les formations de CFI abordent ces sujets. Elles et ils privilégient désormais les entretiens avec des professionnels autres que les seules personnes représentantes des gouvernements. Leurs recherches sont plus approfondies et leurs questions ont également évolué.
Je suis convaincu qu'à mesure que la formation progressera, nous observerons des changements encore plus positifs, ce qui sera très bénéfique pour FBC en tant que média public.
Entretien réalisé par Emmanuel de Solère Stintzy (Journalistes Médiateurs)
