Adel Alimi : la jeunesse, un mur contre les infox
Animateur dans l'âme et formateur en éducation aux médias et à l'information, le Tunisien Adel Alimi, 50 ans, réalise, avec et pour des jeunes, des vidéos afin de lutter contre superstitions et infox. Premier épisode consacré à une pratique traditionnelle qui se nourrit des rumeurs.
Portrait réalisé par Emmanuel de Solère Stintzy.
Salut Hakim !
Salut Fahima, quelle est ton info aujourd'hui ?
As-tu déjà entendu parler du Tasfih ?
Deux jeunes discutent du scellement. Le décor est planté. Le public, intrigué, veut connaître la suite. Après une musique rythmée, Hakim demande à Fahima si elle parle de sceller des plaques d'acier sur une voiture blindée. Sommes-nous en guerre ?
En guerre oui, mais contre une pratique traditionnelle qui consiste à scarifier les genoux des petites filles pour, soi-disant, les protéger des agressions sexuelles et préserver leur virginité... Après avoir contacté un médecin, Fahima et Hakim concluent face caméra en s'adressant aux autres jeunes : Vérifiez les infos ! Le téléphone arabe (la rumeur, Ndlr) et le Tasfih vous envoient dans le mur !
Percutante et réalisée avec l'aide de Samsa Africa, la vidéo éducative en arabe tunisien sous-titrée en français dure à peine 2,30 minutes. D'autres capsules devraient bientôt suivre. Le nom de la série est Sur le mur en français, car si on ne peut pas vérifier une info ou qu'elle est toxique, elle ne doit pas passer le mur ! résume Adel Alimi, créateur de ce concept.
Sa collègue Chedlia Abdallah, qui l'a connu à l'Institut supérieur de l'animation pour la jeunesse et la culture de Tunis et a participé au projet, précise : Adel écoute les idées des autres. Directeur de notre maison de jeunes itinérante excursion et tourisme à Gafsa, il a le même esprit de travail. Déjà à l'université, il animait, avec une approche participative et dynamique, des clubs de musique et d'informatique.
Des jeunes pour les jeunes
Depuis plus de 20 ans, Adel Alimi, est animateur dans l'âme. Titulaire d'une maîtrise Encadrement jeunes et culture et d'un diplôme de formation de formateurs en EMI (éducation aux médias et à l'information), il puise sa passion dans son enfance, avec un père dans la garde nationale et des déménagements chaque année ou presque. Son frère Imed se souvient : Notre famille participait aux activités sportives et aux festivals de théâtre dans les clubs, associations et maisons de jeunes des villes d'accueil. Nous avions même créé un club de cinéma et un groupe de musique. Aujourd'hui encore, Adel a un petit studio à Gafsa. Il fait ce qu'il peut (musique, création de contenus) pour ne pas laisser les jeunes seuls.
À Gafsa, Adel Alimi est aussi président de Tunisie Bondy Blog, dont la chaine Youtube Tunisiebb diffuse notamment à ses près de 4 000 personnes abonnées les vidéos éducatives réalisées dans le cadre du projet Intajat Jadida de CFI.
Le savoir est plus acceptable quand il vient des jeunes pour les jeunes. Nous voulons qu'ils vérifient leurs sources d'information et comprennent le fonctionnement des réseaux sociaux, pour construire activement leur Tunisie. Je me sens vivant quand je suis avec eux ! se passionne Adel, jeune homme de deux fois 25 ans.