Renforcer la lutte contre la désinformation dans les Balkans : Une coopération régionale pour une information fiable
Projet associé
Productions balkaniquesDans les Balkans occidentaux, la désinformation constitue une menace persistante pour la stabilité et la cohésion sociale. Elle alimente les tensions politiques et exacerbe les divisions ethniques, rendant cruciale une réponse collective et stratégique. Le projet "Productions Balkaniques", financé par l’Union européenne et mis en œuvre notamment par CFI depuis octobre 2023, s’inscrit dans cette perspective. Avec pour mission de renforcer la capacité des médias locaux à vérifier les faits et à produire des enquêtes transfrontalières, CFI a soutenu huit organisations partenaires à travers la région.
Au croisement de l’innovation technologique, de la formation journalistique et de la sensibilisation citoyenne, cette initiative incarne une réponse holistique aux défis posés par la désinformation. Elle repose sur deux axes majeurs : le développement des unités de vérification des faits et le soutien à des investigations transnationales sur des problématiques communes.
Moderniser les pratiques journalistiques pour une meilleure implication des citoyens et citoyennes dans la lutte contre les fake news
Les partenaires du projet ont largement investi dans la modernisation des outils et méthodes journalistiques. FakeNews Tragač, géré par Novi Sad School of Journalism en Serbie, illustre bien cette approche. En utilisant des outils comme BuzzSumo pour analyser les tendances médiatiques ou Photoshop pour renforcer l’impact visuel des articles et de ses posts, NSSJ a transformé la présentation de ses contenus factuels. Le nombre de citoyens atteints par ces messages a ainsi doublé les objectifs initiaux, avec près de 1.000.000 de personnes atteintes sur le site et sur les réseaux sociaux comme TikTok.
Hibrid.info, au Kosovo, a également conduit une campagne numérique axée sur l’éducation des citoyennes et citoyens pour reconnaître et éviter les pièges de la désinformation. À travers des infographies publiées sur les réseaux sociaux et des newsletters diffusées auprès de milliers de personnes, ce média a vulgarisé des concepts complexes comme la distinction entre opinion et faits, ou encore les biais de confirmation dans les médias.
L’une des particularités de ce projet réside dans son approche participative. Radio Kontakt Plus, basé au Kosovo, a intégré des outils interactifs dans ses stratégies de lutte contre les fake news. En créant une plateforme où les citoyennes et citoyens peuvent signaler des informations suspectes, Radio Kontakt Plus a non seulement renforcé son rôle de média de confiance, mais aussi impliqué activement les communautés locales. L’impact de cette initiative est renforcé par des vidéos explicatives et des podcasts thématiques.
Un journalisme transfrontalier : déconstruire les récits trompeurs grâce à des collaborations régionales
La désinformation ne connaît pas de frontières et le projet a mis l’accent sur des enquêtes transnationales pour en révéler l’ampleur. Par exemple, une collaboration entre le Center for Democratic Transition (CDT) au Monténégro et Novi Sad School of Journalism en Serbie a abouti à un rapport analytique sur les narratifs climatiques erronés dans les deux pays. Ces recherches ont mis en lumière des discours qui minimisent ou nient l’impact du changement climatique, alimentant ainsi l’inaction publique. Ce rapport, appuyé par des vidéos explicatives et une campagne en ligne, a touché plus de 120 000 citoyen.ne.s dans la région.
Un autre exemple marquant est le documentaire réalisé par BIRN Kosovo, intitulé "Documentation of the Russian Influence in the Balkans". Cette production explore l’impact des récits de propagande russe dans plusieurs pays des Balkans, notamment en Serbie, au Monténégro et au Kosovo. En analysant des cas précis, comme les parallèles entre l’intervention de l’OTAN en 1999 et l’invasion de l’Ukraine, le documentaire met en évidence comment ces récits manipulent l’opinion publique. Avec une diffusion sur des chaînes nationales et des plateformes numériques comme YouTube, cette enquête a atteint près de 100 000 vues et impressions, sensibilisant des publics diversifiés.
Sensibiliser les citoyen.ne.s pour renforcer la résilience
Les jeunes, souvent premières victimes des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, ont été au cœur des stratégies du projet. Par exemple, KRIK a produit des posts et des courtes vidéos adaptées aux formats Instagram et Facebook Reels, couvrant des sujets variés comme les dangers de la désinformation médicale, les violences à l’école, le changement climatique ou la manipulation des narratifs politiques. Ces contenus, conçus pour capter l’attention des jeunes générations, ont généré des milliers d’interactions.
Par ailleurs, les efforts de sensibilisation ont dépassé les sphères numériques pour toucher des publics plus larges. Des discussions publiques, organisées par des partenaires comme CDT, ont réuni des journalistes, des responsables politiques et des membres de la société civile pour discuter de l’impact de la désinformation sur des thématiques clés comme les élections. Ces échanges ont été relayés par les médias locaux, assurant ainsi une portée encore plus large.
Le projet Productions Balkaniques montre que des actions concertées et inclusives peuvent avoir un impact réel dans la lutte contre la désinformation. En modernisant les pratiques journalistiques, en impliquant les citoyen.ne.s et en promouvant des collaborations transfrontalières, ce projet a contribué à créer un écosystème médiatique résilient dans les Balkans.
Cependant, la bataille contre la désinformation est loin d’être terminée. Elle nécessite une vigilance constante et une mobilisation collective de l’ensemble des acteurs – journalistes, institutions et citoyen.ne.s – pour garantir un accès à une information fiable, condition indispensable à la démocratie et à la paix.
