Des journalistes et enseignants irakiens se forment avec l’ESJ Lille
Projet associé
MédiaLab CampusL'école de journalisme a organisé avec l'Université de Mossoul une formation de formateurs, en septembre à Lille, pour quatre enseignants et deux journalistes professionnelles d'Irak, dans le cadre de Médialab Campus.
Les six Irakiens ont commencé leur séjour en France par une visite de France Médias Monde et notamment de Monte Carlo Doualiya, afin d'échanger sur les pratiques journalistiques à la fois en France et en Irak. Ils ont ensuite rejoint Lille pour une semaine intense d'apprentissages et d'échanges.
L'idée était d'introduire ces pratiques dans les enseignements à Mossoul, une ville durement touchée par les affrontements avec Daech. Toutes et tous ont souligné le poids du système qui pèse sur eux et le lourd tribut payé pendant la période Daech : l'interdiction absolue du journalisme sous peine de mort et le nombre important d'étudiants tués.
Pendant la semaine, ont été abordés la pédagogie dynamique, la construction des cours, la question du genre, ainsi que les types d'exercices à mettre en place pour créer des dynamiques de groupes.
À l'ESJ, l'enseignement repose en grande partie sur la pédagogie de l'erreur, prise comme un élément positif, car c'est avec l'erreur qu'on se souvient mieux du principe qui était associé à l'exemple.
Différences pédagogiques et culturelles
La valeur pédagogique des formateurs-journalistes a été analysée, ceux-ci étant très utiles aux étudiants lorsqu'ils relatent leurs expériences professionnelles. La formatrice Stéphanie Maurice a donné l'ossature d'un cours classique sur le journalisme à l'ESJ et les grandes thématiques : vérification, hiérarchie de l'information, règles de l'écriture, notion d'angles, genres journalistiques et partie technique ensuite pour chaque média.
Au terme de cette semaine de formation, les participants ont présenté des cours préparés en binômes. Il en ressort des enseignements importants :
- le formateur doit toujours maitriser tous les aspects de son sujet,
- le contenu du cours doit être clair et bien structuré (fil conducteur),
- il est important de répondre aux questions des étudiantes et étudiants et de les impliquer dans le cours,
- le choix de la méthode et de la technique pédagogique doit tenir compte des objectifs pédagogiques, des contraintes matérielles, de la forme et de la nature du contenu du cours.
Cet échange entre Irakiens et Français a été l'occasion d'aborder l'indépendance du journalisme en France et notamment de l'agence France-Presse (AFP). "Ce fut une expérience très enrichissante."
"Ce sera difficile pour moi de reprendre un enseignement exclusivement théorique."
Sundos Abdul Alwahhab (une des deux journalistes du groupe également doctorante)
Le responsable du département médias à l'université de Mossoul, M. Waad a annoncé qu'il a déjà convenu avec Suha Abdulkareem, la deuxième journaliste du groupe, de donner des sessions courtes à l'Université, car selon lui, "c'est tellement plus intéressant de recourir à des praticiens."
Un des participants a souligné que la différence dans les méthodes pédagogiques, dans la relation professeur-étudiant et dans l'approche du métier du journalisme vient aussi des différences culturelles entre les deux pays.