Des ateliers pour sensibiliser les journalistes sur les enjeux de l’eau dans le sud de la Méditerranée
Projet associé
MédiaLab EnvironnementUne quinzaine de journalistes du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, d’Égypte, du Liban et de Jordanie ont participé fin mai à deux ateliers en ligne sur les enjeux de l’eau dans la région MENA, organisés par CFI en collaboration avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Un troisième atelier est prévu le 11 juin 2021.
Dans les pays du bassin méditerranéen, nous observons depuis quelques décennies un déclin très fort de la ressource en eau, compris entre 10 et 30%. En revanche, la demande en eau ne cesse d’augmenter, ce qui aura tendance à engendrer des crises récurrentes , affirme François Molle, chercheur à l’IRD et spécialiste de la question de la gouvernance de l’eau. La rareté de la ressource hydrique représente l’un des défis majeurs auxquels sont et seront confrontés les pays du sud de la Méditerranée. ...un déclin très fort de la ressource en eau...Cette question a déjà et aura encore des répercussions multiples sur la vie des populations de ces pays. La couverture par les médias des problématiques en lien avec l’eau représente un véritable enjeu de démocratie pour ces pays.
Dans le cadre du projet MédiaLab Environnement, CFI organise en partenariat avec l’IRD trois ateliers pour sensibiliser les journalistes du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, d’Égypte, du Liban et de Jordanie sur les enjeux liés aux ressources hydriques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et renforcer leurs connaissances pour mieux couvrir ces questions. Cinq chercheuses et chercheurs et partenaires de l’IRD interviennent dans ces ateliers modérés par la journaliste de France 24, Tatiana Massaad.
Mieux comprendre les conflits autour de l’eau
Une quinzaine de journalistes ont participé aux deux premiers ateliers, qui se sont tenus le 28 mai et le 4 juin. Dans le cadre de la rencontre du 28 mai, Vincent Simonneaux, physicien et chercheur à l’IRD, a présenté les activités du Laboratoire Mixte International TREMA et du Centre international sur les sciences de la durabilité et expliqué les implications des méthodes d’observation in situ et de la télédétection spatiale pour l’étude du cycle de l’eau en Méditerranée semi-aride dans la perspective d’une gestion durable de la ressource en eau.
François Molle a abordé, dans le cadre de l’atelier du 4 juin, la question de la gouvernance de l’eau en s’appuyant sur plusieurs exemples relatifs aux six pays ciblés par le projet MédiaLab Environnement. À travers sa présentation, il a tenté d’expliquer les raisons de la raréfaction de l’eau dans la région en soulignant l’importance des choix politiques en matière d’infrastructures hydrauliques et d’usage et de contrôle des eaux souterraines. Le journaliste égyptien Ehab Zidan affirme que cette rencontre lui a permis de mieux comprendre les facteurs des conflits autour de l’eau dans la région, notamment les dimensions relatives à la croissance démographique, au changement climatique et à la gestion des ressources hydrauliques.
Il ajoute qu’il a commencé à réfléchir à l’issue de l’atelier à de nouveaux angles pour ses prochains reportages sur les enjeux de l’eau dans la région.
Ces rencontres favorisent aussi la mise en réseau des journalistes avec les expertes et experts. Cette réflexion se poursuivra lors de l’atelier de juin, qui portera sur le décryptage par les journalistes des solutions proposées par les scientifiques aux décideurs en matière de gouvernance de l’eau.
"Il est important de multiplier les initiatives réunissant des scientifiques et des journalistes car les échanges avec le monde de la recherche permettent aux journalistes de délivrer une information de meilleure qualité. Ce constat s’est renforcé depuis le début de la crise de la Covid-19."
Hafsia Leghrissi, participante à l’atelier et doctorante à l’INAT