Burkina Info TV, le média burkinabè qui encourage la démocratie

Cette semaine, entretien avec Soumaela Ouedraogo, plus connu sous le nom d'Ismael Ouedraogo, de la chaîne de télévision Burkina Info TV, au Burkina Faso.

Burkina Info TV est une chaîne de télévision burkinabè créée le 3 mai 2015, par le journaliste Rémi Fulgance Dandjinou. La chaîne émet depuis Ouagadougou et met un accent particulier sur le traitement de l'information générale.

Burkina Info TV, un média influent

« Nous parlons à toute personne intéressée par l'actualité du pays. »Soumaela Ouedraogo est le directeur général de la chaîne de télévision.
Journaliste engagé sur les questions de démocratie de 2008 à 2014, il s'investit activement contre la modification de l'article 37 de la constitution burkinabè. En 2015, il est décoré du titre de Chevalier de l'ordre du mérite national pour sa contribution à l'alternance et à l'ancrage démocratique au Burkina Faso.

En parallèle de ses fonctions de directeur, il anime sa propre émission sur Burkina Info TV. Intitulée Le grand déballage, il s'agit d'une émission politique au cours de laquelle des acteurs de la vie socio-politique sont invités à discuter de questions liées à la démocratie. Le média s'adresse principalement aux femmes, aux personnes âgées, aux Burkinabè de l'intérieur et de la diaspora.
L'équipe est composée de 80 personnes, travaillant au siège de Burkina Info TV, qui se situe au centre d'affaires de la capitale : le quartier Ouaga 2000.
Selon lui, les Burkinabè accordent plus de confiance à leurs médias qu'aux institutions, notamment au système judiciaire. Une exception, dans un contexte mondial où la crédibilité des journalistes est souvent remise en question :

« Les dénonciations dans la presse sont récurrentes et très souvent, débouchent sur des solutions. »

Les médias jouent donc un rôle de catalyseur, en exposant certaines affaires, incitant les autorités à les prendre en main. C'est d'ailleurs une interview de Soumaela avec un ancien détenu politique, victime de torture sous le régime de l'ancien président Blaise Compaoré, qui lui a permis d'être double lauréat du prix Galian (dans la catégorie « Interview radio » en 2015) qui récompense les meilleurs journalistes burkinabè.
« Depuis le meurtre du journaliste Norbert Zongo, la liberté de presse a connu un bond qualitatif. Les médias ont contribué à la défense des intérêts du peuple avec l'insurrection d'octobre 2014 et le coup d'État de septembre 2015 », affirme le jeune directeur général, âgé de 37 ans.

Rester à la pointe des nouvelles techniques dans le métier

« En complément de la télévision, nous y diffusons des émissions en différé, pour qu'elles touchent un maximum de personnes .»Le site www.burkinainfo.tv a été créé 6 mois après la naissance de la télévision, pour vulgariser les programmes de la chaîne.Le site web est l'endroit idéal pour le traitement en détail des informations. « On ne retrouve pas forcément les mêmes informations sur le site et la chaîne. On utilise burkinainfo.tv pour relayer des déclarations publiques, des communiqués de presse et des sujets long format », avance-t-il.
Depuis son lancement, le site web rencontre quelques difficultés : « Nos webmasters peinent à trouver la meilleure formule pour le rendre plus fonctionnel. Les partenaires qui l'ont installé travaillent en ce moment dessus », explique Soumaela.

En outre, la chaîne possède une page Facebook suivie par 60.000 personnes, un compte Twitter avec 8.900 abonnés et une page Youtube qui totalise 2.800 abonnés.

En dépit de quelques obstacles liés au manque de sources crédibles, les journalistes de Burkina Info TV sont encouragés à se rendre sur le terrain aussi souvent que possible pour réaliser des reportages : « Lors des attentats par exemple, il était difficile d'avoir des informations sur la situationau moment T ».
Quant au fonctionnement habituel de l'équipe éditoriale, les sujets abordés par le média sont discutés en amont, lors d'une conférence de rédaction qui se tient tous les jours du lundi au vendredi à 7h30 et le week-end à 8h.
Le promoteur de Burkina Info TV, Rémi Fulgance Dandjinou a été nommé au poste de ministre de la Communication et des Relations avec le parlement et porte-parole du gouvernement burkinabè. Depuis lors, ce dernier s'est détaché des activités de la chaîne : « En tant que directeur général et premier responsable du média, je n'ai jamais reçu d'instructions sur le traitement de l'information de sa part », témoigne Soumaela.

Les journalistes de Burkina info sont en formation continue tout au long de l'année et suivent une série d'ateliers : « C'était le cas avec le projet Faso Médias de CFI, qui a contribué à la professionnalisation de nos journalistes » souligne le directeur.
Le modèle économique du média repose essentiellement sur la publicité et les reportages facturés.
Sur le long terme, Burkina Info TV ambitionne de couvrir les pays de la zone UEMOA dans un premier temps, puis tous ceux du continent en déployant un réseau de correspondants partout en Afrique.