28ème sortie du studio mobile d’Échos des voix féminines

28ème sortie du studio mobile d’Échos des voix féminines

AIC continue son périple à la rencontre des femmes de la région Marrakech-Safi. Au compteur : 20 000 kilomètres, 28 sorties et des heures d'interviews sur les ondes de Kech Radio.

"Bonne nouvelle pour les femmes, une association est venue au douar", annonce le haut-parleur de la mosquée de Sidi Mansour. Pour les équipes d'AIC, c'est une surprise. C'est la première fois qu'une mosquée annonce leur arrivée dans un village.
"C'est spécial", explique en souriant Cheima, la chargée de production du projet. Pour l'occasion, les hommes du village ont également monté la khouzana, une tente traditionnelle, faute de lieu de réunion en dur dans ce village accessible par une piste.

En ce samedi 7 décembre 2019, cinq membres d'AIC sont venus présenter le projet Échos des voix féminines. Kamal est au son, Cheima aux émissions, Hafida informe sur les droits, Fatima anime l'atelier discussion et Azeddine s'occupe de la coordination et de la conduite du studio mobile. Toutes et tous ont développé des liens très forts au cours de leurs itinérances radiophoniques depuis neuf mois.

À Sidi Mansour, treize femmes sont assises sous la tente. Elles sont âgées de 19 à 60 ans. La première réussite du projet est de réussir à réunir ces femmes entre elles et de les sortir de l'espace privé qu'est le foyer.

Aujourd'hui, Hafida, une contributrice amazighe très impliquée dans le projet, commence par expliquer aux femmes leurs droits. Elle détaille comment s'enregistrer à l'état civil car certains enfants ne sont pas enregistrés, comment avoir un mariage reconnu. "Souvent, elles ne savent même pas qu'elles peuvent être inscrites à l'état civil, elles ne connaissent pas les lois, ni leur situation", analyse Cheima. "On utilise un langage très simple pour que tout le monde comprenne".

Après l'information sur les droits, place à l'atelier thématique. Aujourd'hui : l'abandon scolaire des filles. Ni une ni deux, une femme interpelle Fatima, l'animatrice de l'atelier : "À 60 ans, moi aussi, je voudrais aller à l'école !"

À Sidi Mansour, le transport scolaire ne passe qu'à 6h le matin et 18h le soir. Alors quand une fille n'a qu'un seul cours dans la journée à 14h, elle est encouragée à rester à la maison. Une jeune femme raconte son expérience. Elle a eu son baccalauréat mais n'a pas pu continuer ses études supérieures à Marrakech faute de chambre universitaire.

L'équipe fait parfois des kilomètres de pistes pour arriver aux villages marginalisés. Certains locaux préfèrent même taire les difficultés d'accessibilité de leur village pour ne pas voir l'équipe se décourager. À l'arrivée, il y a souvent des femmes extraordinaires.
Dans le Haut Atlas, les membres d'AIC ont rencontré une femme inspirante, Kelthoum, 24 ans, la première de son douar à faire des études envers et contre tous et toutes, "une guerrière", selon Azeddine. Elle a été identifiée comme l'une des femmes leaders qui seront invitées au séminaire final à Marrakech au printemps 2020.

Le climat de confiance instauré par l'équipe avec les femmes se concrétise dans l'intimité du studio mobile. Un cocon où "elles parlent sans tabou", explique Cheima. Au fur et à mesure des rencontres, l'équipe réalise à quel point les femmes souhaitent être actives. Elles sont notamment intéressées par la création de coopératives et de projets.
Avec un but que Simone de Beauvoir aurait approuvé : être indépendantes financièrement.

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