Laurence Burckel, l’amoureuse de l’Afrique
Après avoir sillonné le continent africain pendant près de 21 ans, Laurence a posé ses valises en France et démarré une nouvelle vie, avec CFI. Elle est aujourd’hui Responsable Développement et Partenariats à la Direction Afrique, et imagine les projets de demain. Elle nous raconte son quotidien, ses joies, ses difficultés et ses souhaits pour l’avenir.

Laurence, en quoi consiste votre métier chez CFI aujourd’hui ?
Je suis chargée d’imaginer le rôle et l’action de l’agence sur le continent africain dans les années à venir, et de chercher de nouveaux territoires d’expansion pour l’agence. À la fois en termes géographiques – nous avons par exemple étendu notre action récemment dans des pays lusophones – et en termes de problématiques – liées à l’environnement par exemple. Je suis également chargée de représenter l’agence auprès de différents acteurs, notamment les services diplomatiques français, l’Union européenne ou encore ou encore du GFMD, la plus importante organisation internationale agissant en faveur des médias et de la liberté de la presse. Mon rôle est d’expliquer l’action de CFI, de montrer notre plus-value, et de donner à mes interlocuteurs et interlocutrices l’envie de collaborer avec nous.
Quelles sont les grandes étapes de la définition d’un nouveau projet ?
En général, nous sommes contactés par nos partenaires de mise en œuvre – organisations professionnelles de journalisme, médias privés, médias associatifs et communautaires, instances de régulation et de tutelle… – qui nous soumettent des idées. Si un projet nous semble pertinent et s’inscrit avec la stratégie de CFI, je rédige un document – une sorte de feuille de route très précise – qui définit la démarche, les objectifs et les moyens. C’est une étape qui peut prendre du temps, et qui est décisive pour la suite du process. Une fois ce document écrit et validé, nous cherchons alors des bailleurs susceptibles de financer le projet. Il arrive que nous financions nous-mêmes certaines initiatives s’il n’y a pas de sources de financement évident, ou s’il s’agit d’une démarche un peu expérimentale, qui nous permet de tester des idées. Fréquemment, ce sont les bailleurs eux-mêmes qui nous contactent, et viennent chercher notre expertise pour porter un projet.

Quel a été votre parcours avant d’arriver chez CFI en 2021 ?
J’ai suivi une formation en sciences politiques et droits humains. J’ai toujours su que je voulais travailler à l’étranger. À la fin de mes études, après une mission dans les camps de personnes réfugiées sahraouis dans le Sud de l’Algérie, je suis partie pour la première fois en Afrique australe. C’était en 2000, et je n’en suis repartie que 21 ans plus tard ! J’ai vécu et travaillé au Cap Vert, au Mozambique, en Angola et en Guinée Bissau, pour différentes organisations et entreprises européennes de consultance – ambassade de France au Mozambique, Union européenne, GFA Consulting Group, CESO CI… Lorsque je suis rentrée en France en 2021 pour des raisons familiales, j’ai vu que l’agence cherchait un ou une responsable développement et partenariats pour l’Afrique. Le poste m’a séduite à plusieurs titres : c’était un poste transversal, très polyvalent, qui me permettait de retourner souvent sur le continent africain, et avec un lien fort le journalisme, un domaine qui m’a toujours attirée.
Et finalement, ce poste a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?
Oui complètement ! Je suis très heureuse de travailler pour une cause utile et de contribuer, à mon échelle, au soutien de la liberté de la presse, à l’indépendance des journalistes et à l’accès des populations à une meilleure information. Mon quotidien me comble évidemment pour une autre raison : le lien avec l’Afrique. Je suis une grande amoureuse de ce continent, de sa culture et tout ce qui me rapproche de cette réalité me nourrit profondément. J’ai parfois des périodes très intenses et très chargées, mais la perspective d’un voyage en Afrique m’aide à tout supporter ! À un autre niveau, j’apprécie également ce poste pour la grande diversité de tâches qu’il offre : je travaille en simultané sur des sujets très différents, avec une grande diversité d’acteurs, dans des contextes variés. C’est aussi un poste qui m’a beaucoup appris depuis deux ans, à la fois sur le métier de journaliste en Afrique – leurs enjeux, leurs difficultés, leurs aspirations – et sur la géopolitique africaine. Avant d’entrer chez CFI, je connaissais bien l’Afrique australe, mais j’étais moins au fait du contexte sahélien et de l’Afrique de l’Ouest, marqué notamment par l’histoire entre la France et ses anciennes colonies. Je lis beaucoup la presse, je me tiens aussi informée que possible, pour bien comprendre le contexte des pays avec lesquels je travaille.
Quels sont les aspects plus difficiles de votre métier ?
J’ai dû apprendre à gérer la frustration. Frustration, d’abord, de travailler depuis la France. Même si je me déplace souvent sur le terrain – environ 6-7 fois par an –, l’Afrique me manque. Après 21 ans d’expatriation, le retour en France est forcément un cap particulier à passer, et je dois encore reconstruire certains repères. L’autre frustration est plus directement liée à mon poste et au fait que certaines idées ne voient pas le jour, faute de soutiens en interne ou de financements. C’est toujours décevant lorsqu’un projet qui me tient à cœur et auquel je crois, pour lequel j’ai travaillé dur, ne débouche finalement sur rien. Mais c’est le jeu, et on ne peut pas tout faire !
Quelles qualités vous paraissent importantes pour exercer votre fonction ?
Je crois qu’il faut surtout être à l’aise dans les relations sociales, apprécier la compagnie des gens et s’intéresser à eux. Dans mes fonctions de représentation, je suis amenée à côtoyer beaucoup de personnes différentes : il faut savoir manier l’art de la conversation, s’adapter à son interlocuteur ou son interlocutrice et aimer nouer des liens. Et cela, dans un certain nombre de langues différentes ! Il est également important de bien s’organiser et d’avoir le sens des priorités.
Vos souhaits pour l’avenir ?
À l’échelle de l’agence, j’aimerais beaucoup que CFI trouve davantage sa place au sein des pays d’Afrique anglophone et lusophone. Nous sommes aujourd’hui très connus et très visibles dans les pays anciennement colonisés par la France, mais un peu moins dans le reste de l’Afrique. Réussir à toucher l’Afrique dans sa globalité est mon souhait le plus cher pour l’avenir.