Boris-Karloff Batata : "Je représente les voix des communautés"
Depuis juillet 2023 chef de station de CBS Radio (Christian Broadcasting Service) à Buéa (Sud-ouest du Cameroun), Boris-Karloff Batata a reçu plusieurs récompenses. La dernière en date : un Prix pour la contribution au développement communautaire de l'ONG Walcutz Community Development Initiative. Depuis plus de 5 ans, il exerce son métier avec la même passion du terrain au service de communautés locales souvent délaissées.
Propos recueillis par Emmanuel de Solère Stintzy.
Comme journaliste, pourquoi avoir choisi de vous spécialiser sur la paix et les droits humains ?
J'ai développé mon goût pour ce métier pendant ma scolarité, grâce à un club de journalisme qui m'a permis de réaliser des reportages pour les autres élèves. À l'époque, certains m'interpellaient même dans la rue ! J'étais connu grâce aux histoires que je racontais trois fois par semaine (Il a même reçu en 2016 un prix de l'Association des étudiants en journalisme, Ndlr).
Ma pratique du journalisme est inspirée par l'environnement pidgin dans lequel j'ai grandi. Cette langue, très populaire dans ma région, m'a aidé à communiquer et à connaître en profondeur les mentalités. Généralement, les gens sont heureux de me parler, puis d'entendre leurs voix à la radio. Mon inspiration vient toujours de comment vit la communauté autour de moi, sa pauvreté, ses difficultés de développement et d'éducation.
Que vous a apporté le projet Talk Paix de CFI ?
Ces formations et ces coachings ont été pour moi comme une master classe après l'université et 5 ans d'exercice comme journaliste. J'ai reçu des conseils utiles sur comment avoir davantage d'impacts sur les communautés, grâce à des programmes interactifs, des portraits ou des reportages complets de moins de 2 minutes, avec des sons d'ambiance et des extraits d'interviews.
Mes collègues apprécient mes reportages. Cela facilite mon travail de responsable pour leur faire passer des messages. J'aimerais en effet mettre en place des programmes davantage interactifs, avec des formations intensives pour les jeunes journalistes. Certains apprentissages de l'université sont en effet devenus obsolètes.
Selon vous, quels sont les défis à relever en matière de citoyenneté pour les journalistes africains ?
Dans mon média, je conseille à mes collègues de d'abord faire preuve de patience pour approcher les communautés, car certaines d'entre elles sont isolées et ne savent pas à qui faire confiance. Il faut aussi avoir des contacts sur place et vérifier les conditions sécuritaires avant de se déplacer. Enfin, quand des citoyens nous racontent leurs témoignages, en tant que professionnels de l'information, nous devons vérifier et penser aux conséquences avant de diffuser. En résumé, j'encourage mon équipe à choisir un angle susceptible d'aider ces communautés.
Comme elles se sentent abandonnées, en tant que journalistes, nous sommes les bienvenus. Cela m'encourage à continuer, car je représente leurs voix. Journalistes et communautés, nous nous entraidons, car nous affrontons les même défis dans la société et dans nos rédactions : pauvreté, corruption, manque de gouvernance.