Boubakary Abdoulaye

Le parcours résilient de Boubakary Abdoulaye

Projet associé

De Djibo à Dori, de la mine au journalisme, le parcours de Boubakary Abdoulaye n’a pas été un long fleuve tranquille... Il a trouvé aujourd’hui sa place au sein de la radio Kawral.

 

Boubakary Abdoulaye a rapidement abandonné les bancs de l’école. Originaire de Djibo, au Burkina Faso, il intègre rapidement la vie active et décroche son premier emploi en 2009 en tant que journalier dans un site minier de sa localité. Mais, sans diplôme, pas d’évolution. Et sans aucun doute, il en voulait plus. Je suis retourné à l’école trois ans plus tard et j’ai finalement obtenu mon BEPC en 2015, raconte-t-il.

J’étais passionné par l’animation depuis tout petit

Juste après, je gérais la sonorisation des cérémonies organisées à Djibo. La Radio Lutte contre la Désertification de Djibo (RLCDcherchait à recruter un technicien. J’étais passionné par l’animation depuis tout petit, alors j’ai tenté ma chance et j’ai rejoint l’équipe de la radio, raconte l’animateur de 33 ans.

En octobre 2015, l’arrivée d’un nouveau directeur au sein de la radio bouleverse le parcours de Boubakary. Josué Sanou m’a offert l’opportunité de devenir animateur. Dès sa prise de fonction, il a exigé que tous ses collaborateurs s’essaient à l’animation, se souvient-il.
Et d’ajouter (fièrement ?) : Selon mon ancien directeur, j’avais une voix pour la radio. De technicien, je me suis retrouvé animateur sans aucune formation !
RLCD étant partenaire de MédiaSahel, il a ensuite bénéficié des formations sur les fondamentaux, l’interactivité et le journalisme sensible au genre et au conflit.

Une semaine sans pouvoir dormir

Mais l’aventure tourne court.
La radio RLCD est contrainte de fermer en 2020.

 

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Boubakary Abdoulaye

 

Nos programmes avaient radicalement changé avant la fermeture de la radio. Nous ne pouvions plus diffuser nos principales émissions, notamment sur le planning familial. Nous avions perdu nos principaux financements à cause de la crise, en particulier un contrat publicitaire avec une compagnie téléphonique qui avait cessé d’émettre dans la zone. Ces financements permettaient de rémunérer le personnel de la radio. À la rupture de ces contrats, la radio a fermé, confie l’animateur.

Suivent des moments difficiles. Sans emploi, il est contraint de rester à Djibo en raison de la fermeture des voix d’accès ou de sortie de la ville. Il attendra seize mois avant de rejoindre Ouagadougou avec sa famille. Mais, là encore, le soulagement n’est pas au rendez-vous.
Le convoi dans lequel j’étais a subi une attaque qui a fait de très nombreuses victimes. Je suis arrivé à Ouagadougou avec ma famille mais j’étais traumatisé. J’ai passé une semaine sans pouvoir dormir à cause de ce que nous avions traversé. Après, je me suis résigné.
Il active ses contacts pour trouver un emploi et subvenir aux besoins de sa famille. L’opportunité se présente enfin.
J’ai vu une publication de la radio Kawral de Dori qui cherchait un animateur en langue fulfuldé avec une tranche d’âge dans laquelle je me retrouvais. J’ai postulé et j’ai rejoint l’équipe.

Boubakary y exerce aujourd’hui en tant qu’animateur, producteur et reporter, sous la direction d’Hama Cissé, coach de MédiaSahelIl m’avait formé au journalisme sensible au genre et au conflit dans le cadre de MédiaSahel. Aujourd’hui, j’arrive à mettre en application les acquis de ces formations pour évoluer.
Celui qui n’aimait pas l’école continue son chemin.

 

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Boubakary Abdoulaye