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Makram Haddad : le sport, terre de liberté

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La flamme olympique débarque en France ! Continuons nous aussi notre parcours olympique avec le portrait d’un journaliste bénéficiaire du projet Paris Médias 2024 : Makram Haddad. Chef du service des sports du site d'infos Ici Beyrouth, le Libanais de 55 ans est une plume libre. Son idéal : oublier et faire oublier un instant les déchirements politiques et la crise économique.
Portrait réalisé par Emmanuel de Solère Stintzy.

 

Journaliste libanais de 55 ans, ma patte journalistique, rarement de velours, est reconnaissable. J'utilise l'humour dans mes articles sur le sport. Je sors même parfois mes griffes contre les politiciens. Participant à plusieurs jeux culturels télévisés, j'ai été parmi les membres fondateurs du club Questions pour un Champion au Liban. Mes écrits comportent des références littéraires variées, de Sartre, à Musso, en passant par Franquin et son Gaston Lagaffe.
Également docteur en pharmacie, je suis chef du service des sports du site d'infos Ici Beyrouth, après avoir dirigé pendant vingt ans (1998-2018), ce même service au quotidien L'Orient–Le Jour. Je suis, je suis... Makram Haddad !

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Makram Haddad : "Le sport est un grand terrain de liberté..."
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À partir de ses lectures, même des BD comme Tintin, 'Mak' utilise dans ses articles des comparaisons qui nous font rire ! Il veut attirer notre attention sur les nouveaux talents sportifs libanais. Cela change de nos problèmes habituels et nous encourage à suivre les Jeux Olympiques, explique son amie Lamis El Ghor, qui, enfant, l'a d'abord regardé gagner des jeux à la TV avant de faire sa connaissance à la faculté de pharmacie. Le sport est pour moi un défoulement et une échappatoire, pour oublier quelques heures notre ambiance politique pesante... Les lecteurs apprécient l'humour. Ils préfèrent que je pimente un peu mes articles, s'amuse Makram.

Préserver mon indépendance

Illustration le 4 août 2022 dans son article "Le basket au chevet du Liban", au lendemain d'une finale historique de son pays meurtri en Coupe d'Asie, deux ans après les explosions au port de Beyrouth qui avaient fait 234 victimes : Il est dit que, dans un pays où le symbole national est le Cèdre, l’espoir ne meurt jamais. Une éclaircie a enfin pointé à l’horizon : les hommes politiques se seraient-ils enfin réveillés de leur coma collectif ? Que nenni ! L’éclaircie est venue du basket-ball.
Quand il prend sa plume, Makram Haddad respire l'enivrant parfum de la liberté : Au Liban, comme journalistes sportifs, nous ne courons pas le même danger que les journalistes politiques. Mais, même dans le sport, certains clubs sont tenus par différentes confessions. Je fais abstraction de ces influences pour préserver mon indépendance.

Les hommes politiques se seraient-ils enfin réveillés de leur coma collectif ? Que nenni ! L’éclaircie est venue du basket-ball.

'Mak' ne manque pas d'humour, mais ne rigole pas avec les principes déontologiques du métier. Joseph Mezher, son ancien collègue à L'Orient-Le Jour, témoigne : C'est un homme honnête. Il sait dire 'non' aux responsables de fédérations qui envoient des petits cadeaux et mettent ensuite la pression pour que nous publions des nouvelles mondaines sans aucun rapport avec le sport !
Pourtant, Makram est venu au journalisme sur le tard : Ma mère est pharmacienne. J'ai suivi la même voie, car il fallait bien étudier quelque chose... C'était un compromis, par rapport aux longues et difficiles études de médecine.

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Makram Haddad aux Assises du journalisme de Tours ©CFI

Une force mentale extraordinaire

Et, finalement, le journalisme vient comme un remède naturel au docteur en pharmacie : Enfant, je lisais tout le temps. J'ai ensuite participé à plusieurs émissions télévisées et commencé à écrire pour un hebdo racheté par L'Orient-Le Jour. Dans ma période d'essai, un oncle a qualifié de 'magnifique' un de mes articles non signé sur un match de basket local, sans savoir que je l'avais rédigé.
Presque 30 ans plus tard, Makram Haddad ne semble pas blasé par cette récompense suprême d'être lu. Il compte en faire bon usage lors de la prochaine couverture avec CFI des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris.

J'ai effectué ma dernière année d'études en pharmacie dans le service d'un hôpital auprès de personnes avec des retards moteurs. J'ai rencontré des héros, avec une force mentale extraordinaire. Les athlètes paralympiques s'élèvent au-dessus de leurs handicaps. Il faut beaucoup plus de photos et d'articles pour leur rendre justice et les faire connaître. Grâce à CFI, je vais évoluer sur un terrain plus vaste et diffuser plus largement mes productions, trépigne d'impatience 'Mak'.

Dans 10 ans...

Me la couler douce en regardant mes enfants grandir !
Tel aurait pu être le quotidien de jeune retraité de Makram Haddad dans 10 ans. Malheureusement, une douce utopie, comme pour beaucoup de Libanais depuis 2019 et la crise économique... Toutefois, certains de ses proches tentent tout de même un pronostic. Dans 10 ans, je le verrais bien rédacteur en chef d'un journal sportif. Pourquoi pas à l'étranger ? Il en a les capacités et le savoir-faire, commence son ex-collègue Joseph Mezher. Son amie et pharmacienne Lamis El Ghor poursuit : 'Mak' a toujours équilibré ses activités entre pharmacie et journalisme, mais dans 10 ans, il écrira plutôt un livre sur le sport. C'est là que ses talents s'expriment !
Makram Haddad semble démasqué, même si son futur ouvrage sera peut-être plutôt un témoignage : J'aimerais effectivement écrire un livre avec une pointe d'humour sur mon itinéraire et mon environnement hostile au quotidien de 'pharmaliste'... Sans le faire exprès, le pharmacien-journaliste, habitué à jouer avec les mots, aurait-il déjà trouvé une jolie formule pour débuter son livre ?