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Faten Abi Faraj, la "boss" des footeux

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Directrice médias-communication de la Fédération libanaise de football et journaliste sportive à MBC, un grand média arabophone, Faten Abi Faraj est devenue le visage du foot libanais. Sa fulgurante ascension suscite admiration mais aussi quelques jalousies...
Portrait réalisé par Emmanuel de Solère Stintzy.

 

"Quand j'étais petite, je soutenais Al Safa S.C., un club de Beyrouth. Ma mère m'a dit : ‘tu es très belle, tu devrais être journaliste pour passer à la TV !’ ", se souvient-elle dans un rire amusé. Alors qu’elle n’avait que 14 ans, la mère de Faten Abi Faraj prédisait en réalité le parcours remarquable de sa fille mené depuis son enfance : après une ascension fulgurante dans le domaine du football, Faten Abi Faraj est depuis 2020 directrice médias-communication de la Fédération libanaise de foot.

La tête de Faten est en effet en bien faite. Elle obtient une licence (TV/Radio) puis un master en sciences des médias à l'Université libanaise et est à présent en route vers un doctorat. Côté journalisme, elle ne choisit pas non plus la facilité : "Je me suis dit que je pouvais exceller dans le sport, un domaine que j'aime et dans lequel les femmes sont peu nombreuses au Liban, contrairement à la politique". En 2011, sa première expérience professionnelle confirme son pressentiment : "En tant que productrice, je coordonnais les reportages de correspondants de différentes chaînes TV, mais la politique me donnait mal à la tête, avec trop de partis et de divisions. Le sport, lui, rassemble les gens de tous les pays et de toutes les religions !"

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"Mes conseils pour les femmes journalistes..." Faten Abi Faraj
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"Le foot féminin plaît aux Libanais !"

De 2015 à 2017, Faten fait donc ses débuts comme journaliste sportive à Mostadira, nouveau site web et magazine papier. Elle se spécialise dans le foot féminin, puis fait du bénévolat à la section médias de la Fédération libanaise de foot : "Je voulais que nos médias parlent des joueuses. Aujourd'hui, tous font des directs ou des programmes spéciaux." Rami Abou Diab, fondateur et directeur du média FA Lebanon, confirme : "Le foot est un sport populaire, et le foot féminin gagne, cela plaît aux Libanais ! MBC diffuse maintenant les matchs internationaux de cette sélection qui a parfois davantage de vues que celle des hommes sur les réseaux sociaux. Faten a contribué à cette mise en lumière."
 

Je voulais que nos médias parlent des joueuses. Aujourd'hui, tous font des directs ou des programmes spéciaux.

Depuis 2018, responsable médias pour la Fédération ouest-asiatique de foot, Faten Abi Faraj est aussi depuis 2019 responsable des médias locaux pour la Confédération asiatique de football et journaliste sports à MBC1, un grand média arabophone. Elle travaille ensuite pour le journal panarabe Asharq al-Awsat. Dans ses reportages, elle tend son micro aussi bien à des célébrités comme le président de la FIFA Gianni Infantino, qu'à un footballeur de l'équipe nationale obligé d'être réparateur de climatiseurs pour vivre, ou encore au champion paralympique libanais Arz Zahreddine. "Le public a apprécié son courage à surmonter ses obstacles pour réaliser ses rêves. Les disciplines paralympiques ne sont pas moins importantes que les autres ! J'aime montrer les coulisses, raconter tout ce qui est inhabituel dans le sport", résume Faten, visiblement ravie de participer avec CFI à la couverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 (https://cfi.fr/fr/projet/paris-medias-2024).

"Répondre par la qualité de mon travail"

Depuis 2020, Faten Abi Faraj dirige le département médias-communication de la Fédération libanaise de foot, qui regroupe toutes les joueuses et tous les joueurs. Une juste promotion selon Jihad El Chohof, secrétaire général de cette féderation : "Faten est une excellente journaliste, très active et professionnelle."  Mais sa fulgurante ascension suscite aussi mépris et commentaires sexistes... "Parfois, au lieu d'attaquer la fédération, certains confrères journalistes attaquent son visage féminin et critiquent Faten pour ce qu'elle est et non ce qu'elle fait", déplore son ami Rami. Taquin, ce dernier précise : "J'aime bien l'appeler 'boss', car elle a son bureau au 6e étage de la Fédération de foot, alors que les autres sont dans l'open space ! ". Faten assume ne pas se "rabaisser" à combattre les polémiques sur les réseaux sociaux : "Je préfère répondre par la qualité de mon travail." Déterminée, Faten Abi Faraj sait aussi jouer collectif et semble vouloir incarner cette citation libanaise : "Une seule main ne peut pas applaudir."

Dans 10 ans... 

Quel virage professionnel aura pris Faten Abi Faraj dans 10 ans ? Son ami Rami Abou Diab l'imagine sur deux chemins potentiels : "Je la vois bien rester au Liban devenir doctorante et enseigner à l'université ou avoir un rôle administratif décisionnel dans un ministère. Ou alors, émigrer en Arabie saoudite avec son environnement actuel davantage propice au foot féminin. Faten pourrait y être présentatrice dans un média." Jihad El Chohof est tout aussi optimiste, mais plus évasif : "Je pense que dans 10 ans, Faten Abi Faraj sera l'une des plus grandes figures médiatiques sportives au monde, car elle a de l'ambition et donne avec son cœur."
 

Je pense que dans 10 ans, Faten Abi Faraj sera l'une des plus grandes figures médiatiques sportives au monde, car elle a de l'ambition et donne avec son cœur.
Jihad El Chohof

L'intéressée commence par confirmer le premier pronostic de Rami : "J'aimerais effectivement devenir docteure communication-mass medias à l'université et diriger un nouveau master sur le journalisme sportif. Pourquoi pas également devenir ministre des Sports pour soutenir tous les athlètes libanais ?". Mais, par contre, Faten Abi Faraj ne se voit pas pour l'instant succomber à la tentation de l'Arabie saoudite : "C'est vrai, le foot féminin est désormais soutenu par les autorités et ce pays a beaucoup d'argent, contrairement au Liban qui connaît guerres et crises économiques. Mais je veux changer la situation de tous les sports au Liban, même si cela prendra du temps." Déterminée à avancer "pas à pas", Faten sait qu'elle s'est engagée dans un marathon, pas dans un sprint... 

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Faten Abi Faraj aux Assises de Tours © CFI
Faten Abi Faraj aux Assises de Tours © CFI